05/07/2012
Comment ? Vous avez dit "fourre-tout littéraire? III
Comment ? Vous avez dit « fourre-tout littéraire ? »
III
Il est d’usage et de bon ton d’écrire des romans, des recueils de nouvelles, d’aphorismes ou de poésies, des essais, témoignages ou récits, mais présenter un tapuscrit dans lequel se mêlent plusieurs genres, n’est-ce pas vouer le projet à l’échec, au rejet catégorique et définitif ?
Après trente ans d’écriture, après maintes démarches dont la plupart n’aboutirent qu’à des refus glacés, l’auteur a décidé d’entrer en sédition, en devenant à lui-même son éditeur. Etant à la fois juge et partie, le double statut lui épargnera d’interminables, d’ennuyeuses réunions…
Les témoignages de soutien ne lui ont pas manqué, localement, et de la part de personnes au jugement reconnu comme sûr. Les articles laudateurs figureront dans « Ecritures en miroirs ». L’auteur n’aura pas l’hypocrisie d’afficher la fause modestie, qui sert habituellement de masque à l’orgueil et la vanité. L’immensité de l’écart entre la chaleur de cette recommandation, d’une part, et la pure indifférence de la sphère éditoriale, d’autre part, le laisse… interdit.
La clef du succès, en notre sublime époque, n’est pas d’avoir du talent, car cet atout s’est transformé en un handicap majeur. Trop souvent, la médiocrité tient le haut du pavé, dans tous les domaines, car, pour parvenir au sommet, parler juste, parler vrai, sont des péchés mortels. Mieux vaut savoir intriguer, courber l’échine, lécher des bottes, embrasser des derrières… Soyons « populaires », même si sous cet adjectif nous cachons des aspirations populistes ou populacières, le goût sans limite pour la démagogie, voilà qui nous mènera en droite ligne à la première page des journaux, et dans les émissions de télévision, aux heures de grande audience, sous la férule d’animateurs vulgaires et grossiers, à l’image de notre « sublime époque… »
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04/07/2012
Comment ? Vous avez dit "fourre-tout littéraire ? " II
Comment ? Vous avez dit « fourre-tout littéraire ? »
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II
L’inspiration initiale de l’ouvrage remonte à la jeunesse de l’auteur. Les images de la Source, du Fleuve et de l’Estuaire l’ont habité pendant trois décennies. Elles se sont manifestées à diverses reprises, sous des formes variées, à des intervalles très irréguliers. Elles venaient et partaient de façon apparemment capricieuse. Y avait-il, à l’œuvre, une nécessité, indiscernable pour le scribe ? C’est plus que probable, mais le parcours fut très sinueux. De longues périodes de sécheresse l’amenèrent à penser, parfois, que la Source était, à jamais, tarie. Le cours des sources souterraines peut demeurer mystérieux, indéchiffrable.
Au début de 2OO2, « Chercheurs de sources » donna l’élan, grâce auquel les différents ruisseaux du livre allaient jaillir. Chacun d’eux suit sa voie, unique et libre. Cependant, tous convergent en direction de l’issue, que nous avons nommée « l’Estuaire ». Or, si tel est l’aboutissement, le Fleuve n’est-il pas le nécessaire lien de tous les ruisseaux ?
« Hautes sources, vastes estuaires » s’est élaboré, d’emblée, comme l’un de ces livres impubliables, parce qu’inclassables. Le nom même de « fourre-tout » ne suffit-il pas à constituer une provocation envers le monde éditorial, avec ses « lignes » et ses comités de lecture ? Tant pis si le rapprochement blesse des susceptibilités, mais le substantif « ligne », suivi de l’adjectif « éditoriale » me rappelle sinistrement le stalinisme et « la ligne politique du Parti », à cette différence près, bien sûr, que les lignes éditoriales sont nombreuses, alors que la ligne du Parti se voulait unique. Dans cette optique, les soi-disant « comités de lecture », qui ne lisent pas les ouvrages proposés mais les survolent de si haut qu’ils ne peuvent les apercevoir, seraient comparables à des soviets…
(1) Extrait de Hautes sources, vastes estuaires.
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03/07/2012
Comment ? Vous avez'dit " foure-tout littéraire" ? (1)
« La dernière chose que l’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première » Pascal, « Pensées », n° 19.
Comment ? Vous avez dit « fourre-tout littéraire ? »
Le terme de « fourre-tout » inscrit en couverture aura certainement déconcerté la lectrice et le lecteur. Ce mot n’évoque-t-il pas le désordre, l’amoncellement de choses de faible valeur ? N’est-il pas, dans l’esprit de beaucoup, synonyme de « fatras » ?
Pourtant, « fourrer » peut avoir des sens très positifs. J’achète des bottes et des gants fourrés pour l’hiver. La fourrure, naturelle ou non, qui me protège contre le froid, ne manque pas de connotations positives.
Chez le boulanger, je peux me procurer ce délicieux chausson aux pommes, fourré de compote parfumée, qui me donnera la force nécessaire pour affronter ce même froid. Dans cet ordre d’idées, le bonbon fourré au cassis ou à l’orange nous régale. Nous avons des poches, et c’est tant mieux, pour y fourrer nos mains, lorsque nous sommes embarrassés, lorsque nous ne savons que faire de ces extrémités si entreprenantes.
Evidemment, prétendre écrire un livre où le lecteur trouvera de « tout » peut sembler prétentieux. Le monde des idées n’est-il pas devenu trop vaste pour être contenu dans un seul livre ? Certes, je ne contesterai pas ce point. S’il n’est guère possible de saupoudrer de tout dans un moule littéraire, du moins pouvons-nous essayer d’y intégrer des ingrédients distincts et variés, dont le mélange produira un parfum original. Pour revenir à nos comparaisons culinaires, le « pie » anglais, c’est-à-dire la tourte, où se mêlent et se fondent viandes et légumes, n’est-il pas la preuve que le « fourre-tout » peut être savoureux ? Le « gravy », c’est-à-dire le jus produit par la fusion des nourritures, condense les saveurs des unes et des autres. La difficulté sera de concocter un plat littéraire qui puisse rester digeste.
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