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27/10/2012

Et passent les rats (2)

Elena Mirasol (2)

 

(Extrait de Et passent les rats, roman)

 

     « Avant l’aube, j’avais entendu l’ascenseur s’arrêter sur le palier. C’était ma voisine, Isabel Amapola, qui revenait du « Vol du condor », l’un des bars où elle donne des spectacles de castagnette et de flamenco. Son retour prélude à mon départ. Elle m’a souvent dit que, dans les rues sombres, elle voit courir des rats, qui sortent des égouts, pour fouiller dans les poubelles. Les plus gros d’entre eux n’hésitent pas à se battre contre les chats. Ces combats ne semblent pas effrayer la danseuse.

 

    «  Hommes ou rats, rit-elle, nous sommes pareils ! Nous survivons dans des égouts… Si tu veux vieillir, il faut être plus rusée que les chats. »  

    Lorsque je suis sortie de mon immeuble, le soleil ne s’était que depuis très peu de temps hissé au-dessus de l’horizon. Le vent descendu des montagnes qui, à l’Ouest,  surplombent la ville de Santa Soledad, soufflait encore la fraîcheur obscure et neigeuse que préservent les cimes. La sauvage expiration s’est engouffrée sous mon fin châle de laine, a gonflé ma robe avec une assurance conquérante, qui m’a fait frissonner.

    

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26/10/2012

Et passent les rats ... (Début d'un roman)

Elena Mirasol (1)

 

(Extrait de Et passent les rats, roman)

 

 

    «  Alors, venus d’au-delà de l’océan,   débarqueront des conquérants au masque trempé dans le lait, à la chevelure tissée dans des rayons d’or, et  qui  sans cesse parleront d’amour, mais dont les mains  toujours ensanglantées dénonceront la duplicité. Les adorateurs d’ Ardhor, notre dieu  Soleil, ne verront que les visages et la luminosité des chevelures les éblouira,  mais leurs yeux négligeront l’avertissement des mains. Les suaves et trompeuses paroles berceront les fils de nos fils et les endormiront. Lorsque, enfin, ils se réveilleront, trop de soleils seront nés pour mieux mourir. Armés de bâtons magiques cracheurs de feu, les hideux envahisseurs massacreront hommes et femmes, jeunes et vieux, filles et garçons, afin que de la race des adorateurs d’Ardhor ne subsiste pas un seul témoin ».

   

   (Extrait de la prophétie Maztayakaw, gravée sur des tablettes de pierre,  datant de trois mille avant Jésus Christ, conservées au Museo Regional de Santa Soledad).    

 

     

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29/09/2012

Entre muraille et canal (fin)

1 - Les deux horloges (7 et fin)

(Extrait de Entre muraille et canal livre électronqieu, dipsonible sur Amazon, à prix réduit)

     «  Germaine, il y a quelque chose qui ne va pas, à Sainte-Radegonde-en-Marais.

 

    - Quoi donc, Sœur Amélie ?

    - J’en parle depuis des années à notre curé. L’horloge de l’église sonne toujours après celle de la Mairie. Trouvez-vous cela normal, Germaine ?

    - C’est vrai, ce que vous dites là. Je n’y fais plus attention, tellement c’est coutumier. Qu’y faire ?

    - L’abbé Citrin a signalé le problème maintes et maintes fois à M. Le Maire. Le prêtre dit que l’horloge de l’église n’est pas défaillante, mais que celle de la Mairie avance un peu. Le Maire ne veut pas admettre cela. Quel entêtement, ne trouvez-vous pas ?

    - Asseyez-vous, Sœur Amélie, je vous en prie. Vous avez raison. C’est désolant. Croyez-vous que notre Maire soit… comment dit-on ?

    - Athée ? Anticlérical ?

    - Oui, voilà.

    - Je n’irai pas jusque-là, mais très entiché de son autorité, peut-être. Que l’horloge de l’église attende que celle de la Mairie finisse pour commencer à son tour, cela me gêne. On dirait que le pouvoir temporel jouit de la préséance. »

   L’incompréhension arrondit les yeux de Germaine Ducasse, mais elle n’osa interroger le puits de culture qu’était Sœur Amélie sur la signification de ses paroles.

    « Est-ce que le café vous convient, ma Sœur ?

    - Il est très bon. Ah, j’y repense. Il faudra que je vienne vous présenter notre nouveau directeur, M. Denis Truchaud, puisque vous serez son hôtesse tous les soirs, pour le dîner. Oh, il ne sera pas difficile à nourrir, car il mange si peu, comme un petit oiseau… »  

   

 

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