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27/11/2013

Jean Genet 8

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 8

 

1°Notre- Dame-des-Fleurs ou NDF

   

    Livre d’un « masturbé frénétique » (Sartre), NDF se déroule sur trois plans :

    1° La cellule, avec sa puanteur et les portraits d’assassins, découpés dans les journaux, puis épinglés sur les murs. 

    2° L’auteur/narrateur se conte les vies de ses doubles possibles, Divine le travesti au service de Mignon le maquereau. Le narrateur expérimente, sur le plan imaginaire, deux destins opposés mais complémentaires.

D’autres personnages, tout aussi peu recommandables, évoluent autour des principaux, en particulier celui dont le surnom sert de titre au roman, NDF, jeune voleur qui va devenir assassin. A noter que, le plus souvent, le tueur se débrouille d’abord pour s’assurer la confiance de la victime. Un objet suggère le crime et joue un rôle magique, ici la cravate mal nouée du retraité. 

    3° Les souvenirs d’enfance de Culafroy, devenu Divine, et ceux de Jean Genet, qui s’entremêlent. 

    Ainsi, l’espace exigu, mesquin de la cellule éclate dans deux directions divergentes : un  Paris d’autant plus louche qu’il est fantasmé ;  la seconde nous mène aux très jeunes années, dans le Morvan.

 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

09:36 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

26/11/2013

Jean Genet 7

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 7

 

 A cela, il me faut ajouter le faisceau de thèmes connus pour être scandaleux : « l’éternel couple de la Sainte et du criminel », c’est-à-dire l’association du pédéraste ou du « Mou » avec le « Dur ou Mac », le deuxième utilisant le premier de toutes les façons possibles, par exemple en lui donnant les missions les plus périlleuses ; la recherche de l’abjection, perçue comme idéal ; la gloire de l’assassin qui marche vers l’échafaud.

    Est-ce à dire que, lorsque nous avons lu un livre de Genet, la lecture des suivants serait superfétatoire ? Certes non, car dans chaque nouveau livre, l’écrivain élargit son champ imaginaire. Suivons cette démarche pas à pas, d’abord à travers les « romans », chants d’amour et de haine homosexuels et criminels.

 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

 

08:49 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

25/11/2013

Jean Genet 6

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 6

 

 

   Parlons de la parenté formelle entre Proust et Genet. Le second a déclaré avoir lu A l’ombre des jeunes filles en fleurs en prison. De cette lecture il garda une très forte impression. Proust et Genet partagent, d’une part, le même goût pour l’attitude esthétique  face au réel et, d’autre part, cette propension à la ruse, qui les pousse à s’introduire dans un milieu social, Proust chez les snobs, Genet parmi les voyous, pour ensuite décortiquer et railler travers et sottise.

    Si cinq des livres de Genet parurent sous l’étiquette  romans, il n’y faut voir que la nécessité de rassurer le lecteur, qui veut acheter une marchandise aux caractéristiques connues. Genet lui-même n’entretenait aucune illusion à ce sujet, si nous en croyons les paroles que nous a rapportées Sartre :

    « Mes livres ne sont pas vraiment des romans, car aucun des personnages n’y prend de décision par lui-même. »

    Puis, Sartre analyse de quelle façon « maniaque » Genet programme la destruction de ses personnages, dont il annonce la mort au début de chaque livre. Prisonnier, impuissant à maîtriser  le destin, Genet se comporte en démiurge sadique à l’égard de créatures, dont certaines sont chargées de réaliser, dans le théâtre d’ombres, divers aspects potentiels de sa personnalité, par exemple le travesti prostitué ou le maquereau, le voleur et l’assassin. 

L’épaisseur psychologique est absente ; Genet l’avoue sans ambages : tous ces « petits mecs » se ressemblent. Ils sont méchants, sots, pervers, cruels, lâches, prêts à se trahir mutuellement.  Leur beauté physique n’enferme que laideur morale. 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

09:11 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)