27/04/2014
Le réquisitoire 16
Le réquisitoire 16
Et notre aimable bibliothécaire soupçonneux part en chasse. Le voici, presque sur la pointe des pieds, tendu comme le fauve sur la piste de sa proie, humant le fumet de la chair, aux dépens de laquelle il compte faire bonne chère. Le prédateur glisse sur le parquet, son corps devient presque immatériel, il jubile, jouit à l’avance de la mine catastrophée de ce salopard qui sournoisement bousille les bouquins… Voilà notre détective improvisé à deux pas du suspect. Là, deux tactiques possibles : soit, il épie sans être vu, jusqu’au moment où l’épié le repère ; soit, il apparaît brusquement, faisant mine d’avoir hâte de réaliser une tâche. Dans les deux cas, la tentative est infructueuse. Des deux, c’est l’espion le plus gêné, car il sait que l’autre a deviné ses intentions. Même si la proie est innocente, elle sentira l’écriteau de « Suspect » s’accrocher sur s
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26/04/2014
Le réquisitoire 15
Le réquisitoire 15
C’est dire que l’atmosphère devint vite irrespirable. Derrière les hautes vitres garnies de barreaux, l’ambiance était déjà carcérale. Le soir, chacun sortait de la prison, mais y revenait ponctuellement le lendemain, afin d’y assumer son double rôle, de surveillant et de prisonnier. Grâce à la subtile cruauté du soupçon, grâce à la subtilité cruelle de l’enfermement. Monsieur le Conservateur était devenu directeur d’une très originale geôle, où chacun se considérait comme innocent, mais ne voyait autour de soi que des coupables potentiels.
Smith est là-bas, planqué derrière le septième rayon, à gauche. Je vais essayer de le surprendre. Il faut que je lui tombe sur le poil, sans qu’il m’ait vu approcher. Depuis le temps que j’attends cette promotion, alors que lui l’a obtenue sans difficulté, sans la mériter davantage que moi. Si je le coince, je fais d’une pierre deux coups : le malfaiteur est démasqué, déshonoré, expulsé, et je gagne haut la main la promotion et l’augmentation de salaire, grâce à laquelle je pourrai me payer de plus belles vacances chez les « froggies », ces mangeurs de grenouilles de l’autre côté du « British Channnel ».
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25/04/2014
Le réquisitoire 14
Le réquisitoire 14
Cela n’était rien d’autre qu’un soupçon, une hypothèse absolument pas démontrée, mais le poison se répandit très vite : « Le vandale se cache parmi nous ». Terrible perspective ! Du jour au lendemain, les collègues deviennent des suspects. Oui, mais vous êtes suspect à votre tour . Personne n’est à l’abri de l’horrible suspicion. Chacun surveille tous les autres. Chaque déplacement est observé, chaque geste est noté, chaque mot soupesé. Même le sourire peut s’interpréter comme une félonie. Un tel est parti ranger des livres sur une étagère. On ne le voit plus. Il est caché derrière les meubles. Que fait-il donc, là-bas, camouflé ? Il met longtemps à revenir… Ne vous avais-je pas toujours dit qu’il avait un comportement bizarre ? J’ai toujours su que c’était un hypocrite. Oui, mais voilà, nous n’avons pas de preuves… Nous n’avons que des soupçons, et c’est bien dommage. Attendez ! Si lui nous soupçonnait aussi ? S’il allait me dénoncer ? Il est facile de prouver la culpabilité, mais prouver l’innocence, voilà qui est beaucoup plus difficile. L’innocence s’affirme, se déclare, se clame et se proclame, mais essayez de la prouver…
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