Intermède grotesque 12

Intermède grotesque et néanmoins édifiant 12

 

  Lorsque la presse annonce la parution du dernier roman de X… ou de Y…, le public est suffisamment informé. D’avance, il sait quelle atmosphère, quel style ou absence de style (car il faut servir tous les publics) quel type de récit, ce produit va lui réitérer. Le lecteur ne pénètre pas en pays inconnu. Pages et chapitres sont balisés. Cela rassure le consommateur, tandis que les contes philosophiques, par exemple, se prêtent à plusieurs niveaux d’interprétation, qui désorientent de scandaleuse façon.

    Ainsi doit s’énoncer la question : que voulez-vous, sacrebleu ? Rassurer le lecteur, le persuader que vous êtes, comme lui, un homme assis, aux convictions enracinées, même si le terreau de cet enracinement se réduit à une absence d’examen des opinions. Souvent, la foi semble préférable au doute. Puis, je vous prie de penser, Môssieur le Conteur, le Nouvelliste, le Poète, le Penseur, le Dramaturge, à la seconde question du lecteur.

   

 

 

 

 

Intermède grotesque 11

 Intermède grotesque et néanmoins édifiant 11

 

Quoi ? Vous n’êtes pas sûr d’avoir des choses originales à dire chaque année ? Et la perspective de tartiner trois cents pages vous épuise à l’avance, comme si vous vous lanciez, sans préparation, dans un marathon.

    Mais qui vous a dit que chacun de ces innombrables volumes alignés, empilés, que chacune de ces millions de pages maculées d’encre, que chaque publication contient des nouveautés pleines d’originalité ? Que nenni ! Fort heureusement que non !

    Vous savez, généralement, le lecteur s’intéresse à l’histoire. Il veut que l’on lui raconte une bonne  histoire, pas que l’on lui fatigue les méninges avec des idées de perturbateur.

    

 

 

Intermède grotesque 10

 Intermède grotesque et néanmoins édifiant 10

 

Vous leur reprochez, à ces fruits, de n’être souvent ni mûrs ni délectables, d’être verts en somme, tels ceux que l’on présente à l’étalage des épiceries, en été au bord de la mer, ou lors des sports d’hiver, dans nos superbes stations de ski bétonnées - à des prix presque dignes de figurer dans les bijouteries.

     Que le fruit vert soit indigeste et son apport nutritif nul, voilà des inconvénients qui ne peuvent être imputés ni au malheureux épicier, ni même à l’arboriculteur. Les consommateurs ont faim ! Oseriez-vous vous opposer à leur hâte et refuser à leur faim sa juste satisfaction ?

    Pensez, Môssieur l’irresponsable censeur, à tous ces braves gens dont le gagne-pain dépend des véloces plumes informatisées : garde forestiers, bûcherons, transporteurs, chauffeurs routiers, imprimeurs, éditeurs entourés de pléthores de collaborateurs, journalistes et libraires !

    Dans la ferveur de votre égoïsme, vous vous gardâtes d’y songer ! Soyez plus responsable, que diable !