14/03/2013
Voyage au Pays d'Haistybradu (16)
Voyage au Pays d’Haistybradu (16)
Lorsque pluies et vents, neige et glace, ont de haut en bas perforé, inondé, creusé, raviné, enfin dévasté le bâtiment, les rescapés vont se réfugier dans les caves, où il leur faut, afin de conserver cet ultime abri, lutter à l’arme blanche contre les rats, légitimes occupants des lieux. Avec opiniâtreté, les rongeurs défendent leur domicile contre les envahisseurs. Dans ce corps à corps primitif, il arrive que, déséquilibré puis culbuté par la féroce multitude, l’homme succombe.
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13/03/2013
Voyage au Pays d'Haistybradu (15)
Voyage au Pays d’Haistybradu (15)
Au bord des routes et au milieu des champs rouillent les machines agricoles, comme atteintes d’une maladie qui pourrait s’appeler l’inutilité ou même l’absurdité, comme des robots descendus de planètes inconnues.
Les fermes ne sont plus habitées que par des vieillards, lesquels attendent le trépas. L’un d’entre eux, qui baragouinait notre langue, parvint à me révéler que la vie du pays, ou plutôt sa défaillante activité, s’est concentrée dans la Capitale, qui souffre d’hypertrophie. Les provinces vivotent ou dépérissent.
Les villes et les villages que je traversai, pour la plupart, étaient dépeuplés. Derrière les rideaux de fer des boutiques et magasins, vidés de toute marchandise, s’impose une poussière tenace, que nul ne repoussera plus. Les façades des immeubles, dépourvues de recherche architecturale, sont le plus souvent lézardées. Par endroits, les toitures fracturées béent sur des appartements vétustes où moisissent et pourrissent quelques meubles. J’appris que les gens, à mesure que les étages l’un après l’autre se détériorent, descendent pour camper dans les autres logements, jugés encore salubres.
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12/03/2013
Voyage au Pays d'Haistybradu (14)
Voyage au Pays d’Haistybradu (14)
Hâtivement, nous repartîmes et confiâmes la surveillance de la frontière au pendu, soutenu par sa compagnie de rats. Le long de la route déserte, vigilants, prêts au combat, nous continuâmes vers la Capitale, dont nous séparaient encore sept cents kilomètres.
Peu à peu, la lande céda le terrain à ce qui avait été, en de meilleurs temps, des champs et des vergers. Ainsi, je constatai que partout sévit un lamentable délabrement. La jachère a grignoté, vaincu, submergé et digéré les cultures. Les arbres fruitiers, sans taille, dégénèrent. La sève s’éparpille en de trop nombreux rameaux, et s’épuise. Aux fruits que je me risquai à goûter manquèrent les saveurs qui d’ordinaire les distinguent. Pire que cela : certains furent si âcres, amers ou acides que je les recrachai.
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