25/03/2013
Le cordon bleu (1)
Le cordon-bleu (1)
L’abbé Citrin et Marc Le Brahz se trouvèrent face à face, devant la porte de Germaine Ducasse. Le jeune enseignant tenait, dans la main droite, un petit bouquet de fleurs hivernales, et malgré cela lumineuses. Ils étaient venus de deux directions opposées, sur le même trottoir.
Les adversaires ne surent que penser. Que faisait l’autre, à l’heure du dîner, devant la porte de la bonne commère et fidèle paroissienne ? Comment expliquer la présence de celui dont la vue ne causait que déplaisir, à l’approche des joies gastronomiques et dînatoires ? Etait-il possible et concevable que l’autre fût, lui aussi, invité ? Non, la supposition paraissait éminemment absurde.
Comme deux chiens de races différentes, qui de père en fils se transmettent l’aversion pour la race adverse, ils se flairent avec méfiance. Les narines se dilatent, le dogue religieux subodore la puanteur de l’incroyance, tandis que la truffe du bulldog mécréant s’offusque de l’odeur d’encens que dégage la soutane. En conséquence, les mâchoires des deux molosses se préparent, sinon à l’attaque, du moins à la plus inconditionnelle défense.
(Extrait de Entre muraille et canal).
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24/03/2013
La romance
La romance
Il était une fois une ravissante pisseuse, cancanière et rouspéteuse. Cette damoiselle et pucelle, qui point princesse n’était, mais de lignée roturière, eut l’heur d’être présentée à un fort beau morveux, grincheux, vulgaire et grossier, de son état puceau et damoiseau, comme la damoiselle issue de la plèbe et gardien de pourceaux.
Après force danses et diverses réjouissances, sans solliciter les traditionnelles autorisations paternelles et maternelles, d’amour sexuel ils s’aimèrent. Ces rencontres horizontales et génitales leur procurèrent les jouissances que chacun sait, à l’exception des anachorètes, lesquels ne liront pas cette amorale histoire. Leur ignorance est donc de peu d’importance. Poursuivons la scandaleuse narration.
Les familles exigèrent que les jouvenceaux missent de l’ordre dans leur conduite, ce à quoi ils se conformèrent. Les liens conjugaux les uniraient donc.
Devant M. Le Maire et M. Le Curé, ils parurent. Le digne notable officialisa les contacts érotiques, et l’auguste prêtre les sanctifia. L’eau bénite purifia l’écoulement, jusqu’alors illicite, du sperme dans la fente vaginale.
Ainsi établis dans la légitimité de leur union charnelle et spirituelle, nos amourachés jugèrent opportun de procréer. Que croyez-vous qu’il en résulta ? Un braillard merdeux, bien sûr. Grands-parents et parents s’émerveillèrent. La famille de la mère déclara, comme il est de tradition de le faire, que le merveilleux rejeton possédait déjà tous les attraits du clan maternel, tandis que celle du père clama, évidemment, que le magnifique infant était la copie conforme des perfections paternelles. La dissension causa moult disputes et fâcheries, situation naturelle à l’humanité, qui ne sait vivre en paix.
Afin de mieux veiller sur le futur héritier, et de lui épargner la solitude pleurnicharde du berceau, à la mère vint l’idée d’imposer la présence nocturne et continuelle du prodige en la couche conjugale. La première conséquence de la mesure se déduit sans peine : entre les jeunes époux cessèrent les étreintes passionnées.
L’infâme père alla chercher sous d’autres couvertures les voluptés, que plus ne lui procurait sa trop maternelle moitié. De jalousie celle-ci crut périr, mais s’en abstint, afin d’assurer au moutard la plus absurde des éducations. Le divorce servit de banale conclusion à la très commune romance.
Ainsi vogue une partie de l’humanité, à laquelle ne manque certes pas la perspective de glorieux millénaires.
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23/03/2013
Johnny, écrivain (8)
Johnny, auteur littéraire (8)
9 février 2013 (Publication volontairement différée)
Nous voici revenus dans l’œil du vortex : le flouze. Prenez le dictionnaire des synonymes, puis comparez la longueur de l’article avec ceux consacrés à la nourriture, l’amour et la mort.
Je vous laisse conclure, si toutefois la chose est possible… L’Homme, quelle noble créature, qui naît, se reproduit et meurt comme les autres mammifères, quoi de plus commun que l’arrêt du cœur et, du début jusqu’à la fin, système digestif sur pattes, sexe plus ou moins bourgeonnant, fier animal qui refuse d’avouer son animalité…
09:37 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)