17/03/2013
Johnny, écrivain (2)
Johnny, auteur littéraire (2)
9 février 2013 (Publication volontairement différée)
Revenons à l’idole des jeunes de soixante ans et plus. Je n’ai pas lu le livre de Johnny, mais je sais déjà ce qu’il contient. L’exploit vous épate ? Sûrement pas, puisque vous n’ignorez rien de la teneur de l’ouvrage, sans l’avoir lu vous-même. Ah, merveilleuse époque ! Il nous suffit d’écouter une interview ou de lire deux paragraphes dans une revue, et nous savons ce que l’auteur a « dans les tripes ». Nous sommes gagnants : économie de temps et d’argent.
Que les entrailles soient ou non vidés de leurs étrons, cuisinées ou pas, n’a que fort peu d’importance. Osons le : le parfum de cabinets flatte nos modernes narines. La matière brute nous offre ses charmes, naturels et puissants.
Notez bien que, même après le dévoilement médiatique, fort heureusement pour Johnny et son éditeur, il se trouvera suffisamment d’admirateurs, de gogos et d’amateurs de la castagne pour acheter le bouquin, car j’ai ouï dire que Sieur Haliday s’est mis à régler des vieux comptes.
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16/03/2013
Johnny, écrivain (1)
Johnny, auteur littéraire (1)
9 février 2013 (Publication volontairement différée)
La semaine écoulée, une nouvelle m’a ravi : Johnny Haliday se découvre une vocation d’écrivain ! Voilà qui va clore le groin des médisants, qui tous insinuaient que le rocker (et non roquet, Johnny serait plutôt rottweiler), un tantinet vieillissant ne disposait pas de neurones particulièrement développés.
Oh, nous savions déjà que, pour se hisser au niveau des étoiles des Lettres, il fallait d’abord et avant tout se rendre célèbre, pour n’importe quelle raison. J’eus l’occasion de l’écrire ailleurs : même l’ignoble a son utilité. Soyez prostituée, travesti, escroc, violeur, assassin, puis écrivez vos mémoires. Premièrement, vous serez sûr de trouver facilement un éditeur. Deuxièmement, puisque vous avez rampé dans la boue et la bouse, votre existence intéressera nécessairement le public. Ah, ne sourcillez pas ! Je vous dis que Le Public existe, alors, je vous en prie, croyez-moi ! N’allez pas me dire que ma parole ne vous suffit pas !
Je n’insisterai pas, car ces faits sont trop connus pour que je m’y attarde davantage.
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15/03/2013
L'éléphant artificiel
L’éléphant artificiel (1)
Pachydermique machine,
Eléphant mécanique,
Pachyderme électronique,
Deux à trois fois plus
Énorme que le réel,
Beaucoup plus éléphantesque
Que tes congénères naturels ;
Toi qui sur ton dos
Portes et balades
La nacelle à impériale au décor hindou,
Replète de touristes aux rires bavards,
Aux bavardages rieurs ;
Toi dont la trompe à la flexible démesure
Nous offre des douches inopinées,
Par les bambini voulues ;
Armé de défenses qui n’attaquent personne ;
Et projetant ton barrissement,
Vacarme originel digne du mammouth
Qui nous secoue de surprise ;
Ta queue claque d’invisibles moustiques ;
Puis clignotent tes yeux verts
Eberlués par la foule des badauds ;
De la savane tu ne recèles
Nulle nostalgique mémoire ;
Avec une lenteur, une lourdeur
A ta majesté accordées,
Tes pattes déplient, déploient
Les mécanismes d’articulations
Hautement technologiques
Puis s’abattent mais
N’écrasent que des ombres,
Tandis que volètent
et claquent tes oreilles
Au rythme d’une course imaginaire ;
Le pilote cornac te mène sans peine :
Magie calculée du tableau de bord,
Manettes, boutons, commandes et leviers,
Loupiotes aux diverses couleurs ;
Dis-moi, éléphant, fils de Nantes,
La ligérienne et l’océanique,
De quoi la nuit rêves-tu,
Garé dans le hangar
Sous la profusion des tubulures d’aluminium,
Lianes jaillies du terreau de l’industrie ;
Sous la forêt des poutres d’acier inoxydable ;
Assistes-tu au déchargement
De ces millions de bananes
Qui sous les entrepôts jaunissaient ?
Vois-tu les navires négriers
Lever l’ancre et hisser la voilure ?
Alors, pour l’homme blanc,
Gémis-tu de honte ?
(1) Publié dans Flammes vives, en 2012, volume 4, sous la direction de Claude Prouvost
Photographie : L'éléphant de l'ìle de Nantes. Patrick Bouchot
A Nantes, 2011
09:56 Publié dans Poèsie | Lien permanent | Commentaires (0)