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13/12/2013

Jean Genet 24

Jean Genet 24

 Le Balcon

   

 

   La Reine est tuée ; au pied levé, la patronne du Grand Balcon se voit chargée de remplacer la souveraine et pour cela de se montrer au balcon, vêtue de ses plus beaux atours. Elle accepte ce rôle de Figure et la Révolution se brise contre cette apparence de pouvoir, tandis que Roger, l’ouvrier révolutionnaire, trahit son idéal : il s’émascule et se couche dans le mausolée du Chef de la Police.

   Ainsi se trouve définie la trilogie des thèmes du théâtre selon Genet : l’apparence, la mort et le néant. Tout se réduit à des trompe-l’œil ; Mme Irma, la maquerelle, le dit assez clairement, lorsqu’elle appelle son établissement « maison d’illusions ».

    La pièce n’est pas sans rappeller la guerre civile espagnole, mais une interprétation qui se limiterait à voir dans cette fable une relation quelque peu fantasmagorique de la montée du franquisme n’épuiserait pas la richesse symbolique du texte. D’une façon générale, Jean Genet s’y montre lucide quant au pouvoir croissant de la police, qui d’instrument se mue en redoutable force autonome au XX siècle.

 Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

08:49 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

12/12/2013

Jean Genet 23

Jean Genet 23

  Le Balcon

   

    Le Grand Balcon est un bordel, où des bourgeois se travestissent en Evêque, Juge, Général, etc… Ils se donnent pour but de s’annexer les qualités de représentants de l’ordre, de figurer ce qu’ils ne peuvent être que sur le mode parodique. Cela signifie clairement qu’ils ne sont pas éloignés de croire que l’habit fait le moine.

    Selon toute apparence la Révolution est en marche ; elle s’approche dangereusement du bordel et le menace, à tel point que le Chef de la Police en personne y est attendu.

    Une nouvelle Figure, extérieure au Grand Balcon, va jouer un role catalyseur : l’Envoyé, qui n’apparaît qu’à la page 100, au septième tableau (la pièce en compte neuf au total) c’est-à-dire au début du troisième tiers.  Je cite ici, de nouveau, l’analyse de Michel Corvin :

 « Dès sa première réplique, l’Envoyé se présente comme une nouvelle Figure ; il n’a pas besoin de jouer, il est Figure depuis que « les siècles s’usent à (le) raffiner… à (le) subtiliser. » Il domine le jeu pour la raison même qu’il ne détient ni n’espère aucun pouvoir ; il est l’homme du savoir, d’une intelligence insolente. Metteur en scène et auteur dramatique tout à la fois – Dieu en somme- il agit en captateur abusif d’un héritage en lambeaux et efface pour ainsi dire l’histoire déjà écrite au bénéfice d’une nouvelle dont il est le grand ordonnateur. Sa fonction consiste à faire endosser des rôles dangereux à des amateurs timorés. » P. XIII

   

 

 

    Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

09:27 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

11/12/2013

Jean Genet 22

Jean Genet 22

 Les Nègres Ou LN

 

   La véritable action, c’est-à-dire non théâtrale, se déroulerait hors scène, où l’on procéderait à l’exécution d’un Noir, violeur et meurtrier d’une Blanche. Cette mise en abyme donne à la simulation poursuivie sur la scène la coloration d’un psychodrame. L’action est menée sur le mode parodique. Des moments lyriques ponctuent le grotesque et la bouffonnerie : la célébration de la Mère Afrique et de la négritude ; le chant d’amour de Village « l’assassin » et de Vertu, la prostituée. 

   Si nous ne pouvons catégoriquement classer LN comme une pièce anti-colonialiste, le message reste pourtant celui d’une libération de la tutelle blanche, s’il le faut gagnée au prix du meurtre, puisque la Cour succombe sous les assauts des Nègres ; au lieu d’un crime individuel et crapuleux, nous assistons à ce qui pourrait être une scène de guerre de libération.

    Sur le plan scénique, le jeu voulu par Genet présente une étonnante complexité. Citons, sur ce point, Michel Corvin :

 

    « Genet inscrit à profusion, en tous sens, les trajets de ses personnages, traités en groupes ou isolement. Du fait que s’offrent quatre niveaux de jeu : verticalement (de haut en bas et de bas en haut entre les Nègres et la Cour), horizontalement pour les Nègres entre eux, latéralement entre les deux coulisses de droite et de gauche, transversalement quand les Nègres s’adressent au public de la salle, le tracé des regards et des gestes va être d’une grande complexité. » P. XXXII 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

  

 

 

 

 

08:57 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)