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25/12/2013

LLAMAZARES 7

  

 Une entrevue avec Julio Llamazares 7

 (Magazine Qué leer)

 

 

D’où la mélancolie ?

Oui, mais je ne crois pas qu’il y ait plus de mélancolie que dans mes autres romans.

S’il n’y en a pas plus, au moins elle est plus évidente…

Elle est plus explicite. Ici, le personnage médite sur le passage du temps, en un lieu où il n’était pas revenu depuis sa jeunesse et où le temps ne passait pas, c’était le temps du bonheur. Cette mélancolie vient aussi un peu de ce que disait Ortega, à savoir que tout effort inutile conduit à la mélancolie. La vie est un effort qui, à la fin, s’avère inutile et cela accentue la mélancolie.

 Ce sont les pertes qui s’additionnent avec le passage des années et qui vous servent, pour bâtir la structure du roman, n’est-ce pas ?

C’est que vivre revient à perdre continuellement des choses et des personnes. Il y a un titre de Gamoneda, Les pertes brûlent … et les pertes t’accompagnent toute ta vie. Perdre des choses, des personnes, des désirs, des illusions… C’est ça la vie, au fond. De toute façon, je voudrais dire que ce roman n’est pas un roman triste, il est comme la vie même. C’est l’histoire d’un personnage qui, à cinquante ans passés, regarde le ciel avec son fils et alors l’imagination et la mémoire s’emballent.

 

Español

 

   -¿Y de ahí la melancolía?

  -Sí, pero no creo que haya más melancolía que en otras de mis novelas.

  -Si no hay más, al menos es más evidente…

  -Es más explícita. Aquí, esa meditación sobre el paso del tiempo la hace el personaje en un lugar al que no ha vuelto desde que era joven y donde el tiempo no pasaba, era el tiempo de la felicidad. Esa melancolía también viene un poco de aquello que decía Ortega, de que cualquier esfuerzo inútil conduce a la melancolía. La vida es un esfuerzo que se revela al final inútil y eso acentúa la melancolía.

-Eso y las pérdidas que se van sumando con el paso de los años y que le sirven a usted para construir la estructura de la novela, ¿no?

-Es que vivir es ir perdiendo cosas y personas. Hay un título de un libro de Gamoneda, Arden las pérdidas… cómo las pérdidas te acompañan toda tu vida. Perder cosas, personas, deseos, ilusiones… eso es la vida al final. De todos modos, quisiera decir que la novela no es una novela triste, es como la vida misma. Es la historia de un personaje al que, pasados los cincuenta años y mirando el cielo con su hijo, se le dispara la imaginación y la memoria.

 

 

24/12/2013

LLAMAZARES 6

Une entrevue avec Julio Llamazares 6

 (Magazine Qué leer)

 

 

   « Les larmes de Saint Laurent » est-il surtout un roman sur les pertes qui s’accumulent au fil du temps, de l’état d’âme de celui qui est plus conscient de ce passage, ou de la paternité ? 

Un mélange de tout cela, certainement. Le thème de ce roman, de tous mes romans et de toute la littérature qui s’est faite et se fera, c’est le temps. Le temps est le moteur de la littérature. On écrit parce que le temps passe ou pour sauver des choses du passage du temps ou, de façon plus utopique, pour arrêter le temps ou pour tenter de le récupérer. Son père le dit au narrateur : « Nous passons la moitié de notre vie à perdre notre temps et l’autre moitié à vouloir le récupérer. » C’est ça, je crois, la clef. La phrase finale du roman : « Le temps ne sera pas Dieu. » résume la pensée du roman. Ne serions-nous pas ici à la poursuite de faux dieux, tandis que le vrai dieu, le temps, nous échappe ? Et dans ce roman le thème du temps est plus accentué, parce que l’auteur, c’est-à-dire moi-même, est en train de vieillir.

Et la paternité ?

Le thème de la paternité a un rapport avec tout ça, surtout pour un père tardif, comme moi, qui ai passé la moitié de ma vie à être le fils. Quandtu es père, tu te rends compte que le temps s’accélère. C’est quelque chose que tu remarques plus chez les personnes âgées et les enfants, avec eux, le temps se précipite. Et une autre idée du roman est que tout se répète, les histoires de nos vies se répètent. Nous, les hommes, nous sommes pareils aux feuilles, nous naissons, nous tombons, puis naissent d’autres feuilles, qui sont nos fils et les fils de nos fils.

 

 

Español

 

    -¿Las lágrimas de San Lorenzo es sobre todo una novela de las pérdidas que se acumulan por el paso del tiempo, del estado de ánimo del que es muy consciente de que el tiempo pasa o de la paternidad?

   -Una mezcla de todo, seguramente. El tema de esta novela, de todas mis novelas y de toda la literatura que se ha hecho y que se hará es el tiempo. El tiempo es el motor de la literatura. Uno escribe porque el tiempo pasa o para salvar cosas del paso del tiempo o, ya utópicamente, para detener el tiempo o para intentar recuperarlo. Se lo dice su padre al narrador: “Nos pasamos la mitad de la vida perdiendo el tiempo y la otra mitad queriendo recuperarlo”. Esa, yo creo que es la clave. La frase final de la novela –“No será Dios el tiempo”- resume el pensamiento de la novela. ¿No estaremos aquí persiguiendo dioses falsos y el verdadero dios, que es el tiempo, se nos va de las manos? Y en esta novela el tema del tiempo está más acentuado porque el autor, que soy yo, se hace mayor.

    -¿Y la paternidad?

 

-El tema de la paternidad tiene que ver con todo eso, sobre todo para un padre tardío, como yo, que me he pasado media vida siendo hijo. Cuando eres padre te das cuenta de que el tiempo se acelera. Eso es algo que notas más con los viejos y con los niños, el tiempo se precipita con ellos. Y otra idea de la novela es que todo se repite, se repiten las historias vitales. Los hombres somos igual que las hojas, que nacemos, caemos, nacen otras hojas, que son los hijos y los hijos de los hijos.

23/12/2013

LLAMAZARES 5

Une entrevue avec Julio Llamazares 5

 

(Magazine Qué leer)

 

 

    Qu’est-ce qui a déterminé le fait que ce livre serait un roman ?

Je ne le sais pas. Le fait est que je sais peu de choses, sur ce que je fais. La vérité, c’est que je commence à articuler une pensée sur les livres que j’ai écrits, quand je me mets à donner des interviews, ou à m’exprimer dans des rencontres avec le public, quand les gens m’interrogent.

 Vous revenez ici à vos thèmes de toujours. Dans tous vos romans, et aussi dans celui-ci, on trouve la mémoire et le passage du temps…

   Oui, je suis un écrivain très prévisible, je sais exactement ce que je veux raconter, de quoi je veux parler et comment je veux l’écrire. J’ai bien balisé mon univers littéraire. Les deux axes sur lesquels tourne la littérature sont la mémoire et l’imagination et ils communiquent entre eux, pour la raison que disait Lobo Antunes : l’imagination n’est rien d’autre que de la mémoire fermentée.

 

Español

 

   -¿Qué determinó el hecho de que este libro fuera una novela?

-No lo sé. Si es que yo sé muy poco de lo que hago. La verdad es que empiezo a articular un pensamiento sobre los libros que he escrito cuando empiezo a hacer entrevistas o a hablar en actos públicos, cuando la gente me pregunta.

   -Aquí vuelve una vez más a sus temas de siempre. En todas sus novelas, también en ésta, están la memoria, el paso del tiempo…

   -Yo soy un escritor muy previsible, tengo muy claro lo que quiero contar, de qué quiero escribir y cómo quiero escribirlo. Tengo mi mundo literario muy acotado. Los dos ejes sobre los que gira la literatura son la memoria y la imaginación, y ambos se comunican entre sí, por lo que decía Lobo Antunes de que la imaginación no es más que la memoria fermentada.