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10/12/2013

Jean Genet 21

Jean Genet 21

 Les Nègres Ou LN

 

 

    La parodie de la  théâtralité s’accentue.  Le langage est truffé de métaphores et de symboles, avec  pour point commun les couleurs blanche et noire. Il s’agit généralement de chanter la négritude, mais les Nègres empruntent aussi leurs préjugés aux Blancs, soit pour les caricaturer, soit pour les inverser.

    Les personnages/acteurs sont censés jouer un drame : le viol et le meurtre d’une Blanche par un Nègre, nommé Village, lequel éprouve des difficultés à s’identifier à l’assassin. Sa vie personnelle brouille son jeu : il est amoureux d’une prostituée noire, sarcastiquement appelée Vertu.

     Le mot « Figures » sera employé par Genet dans la pièce suivante, Le balcon, mais il peut déjà s’appliquer à la Cour, apparemment composée de Blancs, qui en réalité sont des Noirs masqués. Par « Figures », il faut entendre des entités abstraites, dénuées de psychologie individuelle, mais chargées de représenter les échelons de la hiérarchie sociale, ici la Reine, le Gouverneur, le Missionnaire, le Juge et le Valet. leur personne est complètement oblitérée par la valeur symbolique du rôle sociétal : les pouvoirs temporel, religieux  et judiciaire. Leur supériorité vis-à-vis des Nègres est matérialisée par  leur position, en hauteur sur des gradins. Le Blanc s’approche du ciel, donc de la lumière, le Noir tend vers la nuit, avec les connotations habituelles à ces symboles. 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

08:43 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

09/12/2013

Jean Genet 20

Jean Genet 20

 Les bonnes ou LESB

 

 

   Après diverses péripéties, dont le retour et le nouveau départ de Madame, les domestiques se trouvent rejetées dans leur tête-à-tête haineux.  Solange pousse Claire à boire le tilleul empoisonné initialement préparé pour Madame, puis veut la retenir, mais trop tard. Elles sont allées trop loin, au cœur du psychodrame. Malgré les supplications de Solange, Claire avale le breuvage. Ainsi se réalise une synthèse du meurtre et du suicide. Le jeu et la réalité ont fusionné.

    De plus, le long monologue de Solange annonce le dénouement : elle s’imagine dans le rôle grandiose de la condamnée à mort, saluée par une foule admirative. Cela donne à Genet l’occasion de pratiquer l’une de ses infernales recettes : il procède à « l’écrasement des temps » (Michel Corvin) par l’emploi simultané du passé, du présent et du futur, mais aussi en mêlant costumes et traditions d’époques et de lieux forts différents, c’est-à-dire par l’anachronisme.

    Au total, cette seconde pièce marque une notable évolution de la dramaturgie génétienne : nous sommes sortis du monde carcéral. Quoique la fantaisie ne soit jamais totalement absente, le thème de la servitude y est traité de façon plutôt réaliste, dans la description donnée par Solange de ses tâches quotidiennes. Bien sûr, nous y retrouvons le leitmotiv de la condamnation à mort, couronnement de la carrière criminelle mais, techniquement, Genet utilise pour la première fois le jeu du théâtre dans le théâtre.  

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

09:31 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

08/12/2013

Jean Genet 19

Jean Genet 19

 Les bonnes ou LESB

 

   LESB marque le premier tournant majeur dans la dramaturgie de Genet. Le spectateur non averti sera décontenancé par le début puisque, apparemment, s’affrontent Madame et Claire ; nous apprenons subséquemment qu’il s’agissait en réalité de Claire et Solange, deux sœurs et domestiques, la première dans le rôle de Madame, la seconde dans le rôle de Claire. Les sœurs jouent ce scénario en l’absence de Madame.

    Comme dans HS, une tentative d’étranglement échoue ; Solange s’est trop fortement identifiée au personnage de la domestique brimée, ne voyant plus à la place de Claire que la patronne haïe. Le Temps les rappelle à l’ordre : le réveil sonne.

    Tout le long de la pièce, Solange sera généralement plus agressive et violente que Claire ; elle aspire au meurtre. 

   

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

09:30 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)