04/03/2014
Sous le regard 9
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Au premier matin
Brume ou brouillard, qu’importe le mot ? La chose à nous s’impose.
Ici, la plus aiguisée des vues se brouille ; même le minéral s’amollit.
La pâleur nous confisque la cavalcade des vagues, lames et rouleaux, qui les uns sur les autres s’enroulent et s’écroulent, déroulent l’éternel fracas, le vacarme obsédant, d’une obstination à déferler de Pôle en Pôle.
Même le rivage doute de sa réalité. Il s’estompe, adoucit ses arêtes, déverse ses courbes incertaines vers l’immense absent.
Les couleurs se sont apaisées. Presque muettes, l’une dans l’autre, elles se dissolvent.
Pour celle ou celui qui, statufié, doit assister à la révélation, s’élève toujours, gronde et brame la sauvage musique des marées, à jamais inassouvies.
Originelle clameur des profondeurs. En dépit de ses habits, l’Homme demeure nu.
Am frühen Morgen
(Sea Mist, Streedagh)
Dunst oder Nebel, egal welches Wort? Die Sache beeindruckt uns.
Hier, der schärfste Blick, er verschwimmt; selbst das Gestein wird weich.
Die Blässe raubt uns weg den Zug der Wogen, Wellen und Brecher, die aufeinander heranrollen, einstürzen, wegrollen, ewiger Krach, zwanghaftes Getöse eines Beharrens von Pol zu Pol zu branden.
Selbst die Küstenlinie bezweifelt ihre Wirklichkeit. Sie verblasst, mildert ihre Kanten, schüttet ihre undeutlichen Kurven gegen das unermessliche Abwesende.
Die Farben haben sich beruhigt. Fast lautlos, die eine in die andere, lösen sie sich auf.
Für sie oder ihn, der, erstarrt, an dieser Offenbarung teilnehmen muss, erhebt sich immer, donnert und brüllt die wilde Musik der Gezeiten, auf immer ungestillt.
Ursprüngliches Geschrei der Tiefen. Trotz seiner Kleidung, der Mensch bleibt nackt.
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03/03/2014
Sous le regard 8
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Lune de nos rêves
Lune rousse, avec en surplomb cette arche de blancheur spectrale.
Astre, puits de mystères, source de rêves - pour nous, fils et filles de la Terre, écrasés par notre irrémédiable petitesse, notre solitude face aux portes de l’infini.
La logique, noyée, sous le flot d’énigmatiques images.
Réduite au statut d’hypothèse, l’humanité se débat, aux prises avec des liens oniriques.
L’océan boit la rousseur, étoile au cœur même de la noirceur.
Tous les poulpes ont répandu leur encre.
La côte échappe à nos regards. Elle s’est perdue, enfouie au ventre de la nuit.
Autour de l’axe, inaccessible aux téléscopes, tourne et vire l’univers.
Etoiles, au-delà de la toile, masquées par le glacial édredon des nuages.
Gageons que les vents coalisés, quelques fois, pour le ravissement de l’insomniaque, découvriront l’éternelle multitude des scintillements.
Alors, s’affirmera l’inquiétante splendeur de cette lune rousse, dans sa gloire.
Mond unserer Träume
Dunkelroter Mond, mit über ihm schwebend- diesem Bogen eines spektralen Weiß.
Gestirn, Brunnen der Geheimnisse, Quelle der Träume - für uns, Söhne und Töchter der Erde, erdrückt durch unsere Kleinheit, durch unsere unheilbare Einsamkeit im Angesicht der Tore des Unendlichen.
Das Denkvermögen, ertränkt, in der Flut rätselhafter Bilder.
Reduziert auf den Status seiner Hypothese kämpft die Menschheit, gefangen, mit Traumfesseln.
Der Ozean trinkt die Röte, Stern so gar im Herzen der Schwärze.
Alle Kraken haben ihre Tinte ausgestoßen.
Die Küste entzieht sich unseren Blicken. Sie ist verloren, entschwunden im Bauch der Nacht.
Um seine Achse, unerreichbar den Teleskopen, dreht und wirbelt das Universum.
Sterne, außerhalb der Leinwand, ausgeblendet durch die eisige Decke der Wolken.
Lass uns wetten, dass die verbündeten Winde, manches Mal, zum Entzücken des Schlaflosen, die ewige Vielheit des Flimmerns entdecken.
Dann kräftigt sich der beunruhigende Glanz dieses roten Mondes, in seinem Ruhm.
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02/03/2014
Sous le regard des étoiles 7
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Lichtkraft
Aus dem Himmel eine Erde machen
aus der Erde einen Himmel
wo jeder aus seiner Lichtkraft
einen Stern ziehen kann
Rose Ausländer
Du ciel faire une terre
de la terre un ciel
où chacun
de la force de sa lumière
puisse extraire une étoile
La prairie des couleurs
Ici, ne parlent, ne chantent que les couleurs.
Au bal de la prairie, dansent les fleurs, en robes estivales.
’humaine voix s’absente.
Prairie, oui, où fleurit la joie, où s’épanouit le bonheur des fleurs d’être, l’une à l’autre, pure lumière.
Règne de la profusion : le rouge appelle le bleu, qui suscite le vert, lequel se demande si devenir jaune.
Œuvre de la vie, où balancent tiges, feuilles et pétales.
S’aiment, par abeilles et papillons (même si invisibles) les pistils et les étamines.
Compagnes de notre vie, ne foulons pas la foule, mouvante et bariolée, des fleurs champêtres.
Écoutons leur murmure, qui nous supplie : « Ne me cueillez pas ».
Wiese der Farben
Auf dem Wiesenball tanzen die Blumen in Sommerkleidern.
Die menschliche Stimme schwindet.
Wiese, ja, wo die Freude blüht, wo das Glück der Blumen blüht, sich gegenseitig reines Licht zu sein.
Reich der Fülle: das Rot ruft das Blau, das das Grün hervorruft, welches sich fragt, ob es Gelb werde.
Kunstwerk des Lebens, wo Stängel, Blatt und Blüte schaukeln.
Es lieben sich, durch Bienen und Schmetterlinge (selbst wenn unsichtbar), Blütenstempel und Staubgefäße.
Gefährten unseres Lebens, betreten wir nicht die Schar, bewegt und bunt, der Blumen auf dem Land.
Hören wir ihr Murmeln, das uns bittet : Pflückt uns nicht.
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