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02/12/2013

Jean Genet 13

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 13

 

 4°Querelle de Brest ou QDB

(suite)

 

  L’imaginaire de Genet s’élargit, car Querelle a navigué partout. Même si nous n’assistons pas à ses périples en direct, ils sont évoqués. Grand ports, Brest autorise les rêves de partance, ici vers Cayenne. Il n’est certes pas innocent que les deux intrigues accomplissent leur jonction dans les bâtiments du bagne désaffecté de Brest. 

   Point capital : le meurtre du matelot Vic sacralise Querelle, qui verse le sang comme dans un rite religieux.   

    L’histoire est parfaitement rocambolesque,  mais Genet lui-même n’était pas la dupe de ses contes. N’oublions pas que la lecture du magazine Détective et des romans feuilletons formait l’une des principales sources de son inspiration. Le roman reste inachevé. L’auteur se désintéresse du sort de ses créatures, lorsqu’il déclare sans rougir :

    « Ce livre dure depuis trop de pages. »

   Avec Genet, il faut s’attendre à tout, et surtout à l’inattendu, lorsqu’il décide de saborder lui-même l’illusion romanesque !

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège

 

 

08:59 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

01/12/2013

Jean, Genet 12

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 12

 

4°Querelle de Brest ou QDB

 

    Des cinq rêves éveillés, celui-ci s’apparente le plus au genre du roman ; d’abord, parce que deux intrigues parallèles s’y déroulent, qui font se côtoyer des personnages de milieux sociaux différents, parmi lesquels seul le matelot Querelle se comporte en criminel avéré.

   L’inévitable homosexualité s’y trouve encore prédominante, mais l’hétérosexualité n’en est pas absente. Avec une courageuse lucidité, Genet nous parle d’une des clefs de la réussite de la relation homosexuelle ; il s’agit, pour l’un des deux partenaires, généralement le plus expérimenté, de recréer la femme dont l’absence leur pèse trop ; en d’autres termes, le couple homosexuel ne vivrait que sous condition de « soutenir une apparence » (Sartre).

 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

09:52 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

30/11/2013

Jean Genet 11

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 11

 

3° Pompes funèbres ou PF (Suite)

 

 

    Parallèlement aux funérailles du résistant, se déroulent celles d’un bébé, fils de Juliette, célibataire comme l’était la mère de Jean Genet. C’est pourquoi nous pouvons voir, dans la disparition du nourrisson, l’effacement symbolique de l’origine honteuse dont souffrit Genet. Par ailleurs, comme le petit est le fils de Jean Decarnin, cela signifie que le militant communiste meurt une deuxième fois. C’est finalement le narrateur qui va se charger de prolonger Decarnin, car il va dévorer (par la pensée) le cadavre de l’ami, afin de s’incorporer sa force et ses vertus.

    Le narrateur se glisse dans le personnage d’Hitler, le soumet à la sodomie, l’oblige à commettre les gestes les plus répugnants, bref Jean Genet nous offre là l’un des nombreux exemples de ce que Sarte a nommé « la néantisation du réel ». Ce Führer désireux de voluptueuses humiliations, soumis aux caprices d’un prisonnier français, ne ressemble guère au monstre dévoreur de nations qu’il fut. Genet désacralise la Figure du Mal absolu. C’est là l’une des forces de cet écrivain : le réalisme et la vraisemblance s’effritent et s’effondrent sous sa plume. Ses rêves et ses phantasmes agissent comme des acides très corrosifs.

 

 Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège. 

 

 

 

09:31 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)