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05/12/2013

Jean Genet 16

Jean Genet 16

 Vers une écriture réflexive

 Théâtre de la dérision, dérision du théâtre

 

   Avant toute chose, il me faut reconnaître ma dette intellectuelle certaine envers le préfacier des cinq pièces de Jean Genet, Michel Corvin, qui définit souvent les pièces de Genet comme des « fables ». Le mot me semble juste, pour plusieurs raisons : la fable n’est jamais contée pour elle-même, mais pour l’enseignement que le lecteur ou l’auditeur pourra en tirer ; ce très ancien type d’histoire, qui nous évoque immédiatement les noms d’Esope et de La Fontaine, autorise de multiples interprétations. Lorsque les circonstances historiques ne permettent pas la libre expression, c’est-à-dire la plupart du temps, la fable sait cacher, sous d’acceptables apparences, les vérités inacceptables pour les tyrans. Il suffit de déplacer les aberrations et l’horreur de cette époque et de ce pays  vers d’autres circonstances, de préférence totalement imaginaires, afin de produire l’illusion d’un récit parfaitement inoffensif, qui ne concerne pas les autorités en place.

    Le caractère commun aux pièces de Genet, certainement, est l’irréalisme des situations mais, par ailleurs, chacune d’elles nous renvoie à des réalités sociales, historiques et politiques connues. 

    Cela nous amène à l’étude, ici seulement esquissée, de chacune des cinq pièces.

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

09:19 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

04/12/2013

Jean Genet 15

Jean Genet 15

 Vers une écriture réflexive

 Journal du voleur ou JDV

  

   La trahison doit blesser celui qui lui donne sa confiance, en l’occurrence Armand, , brute à la méchanceté sans défaut, que Genet nous présente néanmoins fabriquant de la dentelle, lors d’une période miséreuse ; il nous livre la un exemple de féminisation d’un Dur. Genet se venge ainsi d’Armaand, qui l’a possédé avec la plus extrême brutalité.

   Puisqu’il a trahi le Maître, le disciple n’a qu’une seule issue, la fuite. La fin du voyage coïncide avec la réalisation du but si ardemment désiré. La trahison est aussi l’une des formes du suicide : le traître supprime en l’Autre l’image idéale de soi. 

    Le séjour en Belgique annonce    c le retour au pays natal tant détesté, mais lieu nécessaire à l’auto-accusation, forme suprême de la trahison.

   « Si raciste signifie tout homme qui voit dans l’homme asservi un sous-homme qu’il peut mépriser, il le méprisera toujours plus, afin de l’exploiter toujours plus, pour le mépriser et l’asservir plus, et ceci à l’infini. » Un captif amoureux, P. 319

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

08:48 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

03/12/2013

Jean Genet 14

Jean Genet :

 Vers une écriture réflexive 14

 Journal du voleur ou JDV

 

  

   Livre/charnière entre la période romanesque et la théâtrale, JDV décrit la descente aux enfers, voyage initiatique  entrepris par Genet à travers l’Europe, à la poursuite des buts paradoxaux de son existence, l’abjection et la trahison. A la colonie pénitentiaire de Mettray, déjà il se sait abject ; il lui reste à dégringoler le long de cette pente, qui le mène jusqu’en une Espagne fictive, symbole du grand Sud.  Au plus haut point retors, Genet nous livre la clef « la traversée de cette contrée de moi que j’ai nommée l’Espagne » en conclusion ; il nous suggére ainsi de relire JDV et d’en déjouer les pièges.

    Depuis la côte andalouse,    la trahison lui paraît accessible, car pouilleux au-delà de toute normalité, il aperçoit Tanger, où tous les crimes seraient possibles. Pourtant, Genet ne traversera pas la Méditerranée. Il adore le soleil levant et se confond même avec lui. Le « pou » acquiert ainsi des dimensions cosmiques. 

    La dérive le mènera de l’Espagne à la Pologne, enfin jusqu’à la Belgique. D’Ouest en Est, il accomplit une parabole du crépuscule vers l’aube, mais finalement retourne d’Est en Ouest, comme vers le couronnement du destin.

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

  

 

 

09:07 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)