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08/12/2013

Jean Genet 19

Jean Genet 19

 Les bonnes ou LESB

 

   LESB marque le premier tournant majeur dans la dramaturgie de Genet. Le spectateur non averti sera décontenancé par le début puisque, apparemment, s’affrontent Madame et Claire ; nous apprenons subséquemment qu’il s’agissait en réalité de Claire et Solange, deux sœurs et domestiques, la première dans le rôle de Madame, la seconde dans le rôle de Claire. Les sœurs jouent ce scénario en l’absence de Madame.

    Comme dans HS, une tentative d’étranglement échoue ; Solange s’est trop fortement identifiée au personnage de la domestique brimée, ne voyant plus à la place de Claire que la patronne haïe. Le Temps les rappelle à l’ordre : le réveil sonne.

    Tout le long de la pièce, Solange sera généralement plus agressive et violente que Claire ; elle aspire au meurtre. 

   

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

09:30 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

07/12/2013

Jean Genet 18

Jean Genet 18

 Haute surveillance

 

 

    Rivaux pour gagner l’estime de Yeux-Verts, Maurice et Lefranc se disputent, et le second tente même d’étrangler le premier. Yeux-Verts sauve l’adolescent, mais finalement une nouvelle altercation aboutit au meurtre de Maurice.

    La situation de HS n’est pas sans nous rappeler celle de Huis clos, de Jean-Paul Sartre. La fameuse phrase « L’enfer, c’est les autres. » peut s’appliquer très exactement à l’incarcération. Les trois voyous tournent en rond, aussi bien au propre qu’au figuré. Les thèmes sont ressassés, en particulier le meurtre vécu comme une forme de suicide.

Incapable de se soustraire à la temporalité, donc au poids de ses actes, Yeux-Verts ne s’échappe que symboliquement, à travers de folles visions. L’action de HS se résume à de l’inaction. Tout se passe à l’intérieur du langage. Finalement, nous apprenons que le gardien a vu Lefranc tuer Maurice ; sorte de démiurge, il l’a laissé faire.  Ici se vérifie le pessimisme ontologique de Jean Genet. Lefranc se condamnait lui-même a « réussir » le meurtre de Maurice, qu’il avait esquissé au tout début. La circularité se transmue en drame effectif.

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

09:14 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

06/12/2013

Jean Genet 17

Jean Genet 17

 Haute surveillance

 

   Avant même de lire  cette fable, le seul titre suffit à nous renseigner clairement sur le thème abordé : la prison, lieu de formation de la pensée de l’auteur, même si le vagabondage criminel « l’éduqua » tout autant ; le paradoxe de Genet se trouve résumé dans cette contradiction : la totale privation de liberté, d’une part, et l’absolue liberté, d’autre part, si l’on veut bien admettre comme prémisse que le refus des conventions et de la morale aboutit à un réel affranchissement. L’univers mental de Genet s’articule, perpétuellement, autour de ces deux axes. La fable naît à la jonction des deux expériences, complémentaires jusque dans leur opposition. Puis, Jean Genet gagne sa véritable liberté grâce à l’outil de l’écriture : l’artifice du chant  transcende le déchirement et magnifie l’abjection.

    La pièce compte trois protagonistes : Yeux-Verts, assassin qui doit être décapité ; Maurice 17 ans et Lefranc 23. Tous deux admirent Yeux-Verts, mais Lefranc éprouve de la jalousie, parce que les deux autres entretiennent une relation privilégiée, ce qui ne signifie pas homosexuelle. 

    Ils évoquent souvent une puissance tutélaire, un Africain surnommé Boule-de-Neige, autre assassin, le héros de la prison. Le gardien ne se montre que deux fois : une première pour servir de messager entre Boule-de-Neige et Yeux-Verts. Ce dernier lègue sa femme au gardien. Yeux-Verts évolue vers la sagesse : il renonce aux biens de ce monde, atteint la sérénité, accepte la mort prochaine.

 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

09:13 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)