Le questionnaire 8

14  Le questionnaire en question (8)

   

Extrait de Entre muraille et canal

   

   « Comme vous le savez déjà, je suis en relation avec l’Ordre des Chevaliers de la Très Sainte Foi. Ce mouvement, fer de lance de la chrétienté, demande aux prêtres de soumettre aux enseignants le questionnaire que je vais vous distribuer, auquel il serait bon que vous répondiez dès maintenant, sans vous y attarder. Le but n’est pas de réfléchir longuement avant de répondre, mais de s’exprimer spontanément et clairement. Vous avez le droit de ne pas inscrire votre nom sur le questionnaire.  »

 

    L’air de la mesquine salle se raréfie de nouveau. Qu’est cela ? Même les visages les plus souriants, les plus détendus, se figent en une grimace, au mieux de méfiance, au pire de désapprobation.

   

 

Le questionnaire 7

14  Le questionnaire en question (7)

   

Extrait de Entre muraille et

    L’atmosphère s’est épaissie, un peu comme si un pollueur avait volontairement laissé couler du mercure dans une rivière. Les collègues de Marc essayent de désamorcer la bombe à retardement. Pauline et Gisèle lui sourient, non pour l’encourager à poursuivre l’offensive, mais afin de l’apaiser. Marie-Ange s’autorise une privauté, en pressant avec douceur la pointe de sa ballerine contre le gros soulier de Marc. Si Phillipe voyait la tendre coquinerie, cela déclencherait une seconde crise, mais il fixe l’attention sur le centre de la réunion, l’homme en soutane noire. 

 

    C’est Citrin qui a déposée la bombe, mais le jeune iconoclaste commence à la frapper du pied. La sœur dissimule mal sa jubilation : ah, si le prêtre allait moucher ce morveux !

 

    

Le questionnaire 6

14  Le questionnaire en question (6)

 Extrait de Entre muraille et canal.

 

   L’abbé Citrin ouvre sa serviette en simili cuir noir. Avec des gestes secs et nerveux, il en extrait des comptes-rendus de réunions, des projets de sorties pour la catéchèse, l’arsenal de la persuasion destinée soit à susciter la foi,  soit à la renforcer.

    Tous participent à la catéchèse. Oui, tous, sauf un. Le bélier galeux se nomme Le Brahz. Dissimuler l’ennui subi, non, cette politesse est au-dessus de ses forces. Il préfère afficher le désintérêt, le clamer sans dire un mot. Lorsque tous parlent, le visage buté, comme verrouillé par le mutisme, constitue la plus éloquente forme de résistance passive.

      « Ce que nous disons ne vous intéresse pas, M. Le Brahz, l’apostrophe le curé.

    - Oh, que si, passionnément, ironise le mécréant. 

    - Vous baillez ostensiblement. Oserez-vous prétendre que la catéchèse vous intéresse ?

    - La présence de tous les membres de l’équipe est exigée. Ne suis-je pas présent ? Allez-vous me reprocher d’être fatigué par la journée de cours ? »