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27/05/2014

La peur 8

La peur 8

 

Très tôt, la soeur sut avec douceur parler à son frère, caresser sa tête qu’échauffait la fièvre et le rassurer, afin d’expulser de lui les poisons de la peur. Ils étaient seuls, en duo, contre la nuit ravagée d’hostilité parentale. Leurs corps tièdes et souples s’entremêlaient. Déjà Laure possédait l’invulnérable force, l’inépuisable vigueur d’âme, sur lesquelles Georges s’appuyait, confiant. Avec elle, grâce à Laure, jamais rien, dans l’ordre du drame ou de la tragédie, ne lui adviendrait.

    Les longues boucles blondes et soyeuses de la fille se mêlaient aux cheveux roux et frisés du garçon. Parfois, un rayon de lune venait, sur la chevelure d’or, déposer sa nuance argentée. Les yeux verts de Georges s’agrandissaient. Il assistait au prodige de l’astre nocturne, épousant le soleil, qui nimbait la tête de Laure. Les deux enfants s’écoutaient mutuellement respirer, en attendant que, au rez-de-chaussée, le tapage se calmât. La crise se terminerait par des pleurs, des sanglots, des hoquets, des bribes à demi intelligibles telles que :  

 

   

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26/05/2014

La peur 7

La peur 7

   

 La litanie des récriminations et invectives réciproques se poursuivait. La femme faisait claquer son fouet verbal, en cinglait l’homme, incapable d’opposer la force nécessaire pour se protéger du châtiment.

    Laure s’était réveillée. Georges entendait sa soeur lui répondre, et la voix de l’aînée lui parvenait comme une étoile combattant la nuit.

    « - J’arrive, Georges. N’aie pas peur, ce n’est rien, ça ira mieux demain. Cela les reprend de temps en temps, puis ça passe. »

 

   Même si la chambre était très obscure, Laure se levait, venait jusqu’à lui, se glissait dans le lit, contre lui se blottissait. Fortement, ils s’étreignaient. Au début, Georges tremblait encore. La terreur le secouait affreusement, mais Laure paraissait imperturbable. Les autres enfants dormaient, comme si la maison eut été paisible, comme si la guerre des parents n’avait jamais commencé. Les bienheureux n’entendaient rien. Leur sommeil s’écoulait, long et profond, sans heurts ni secousses, tel le fleuve calme et sombre dans une plaine noire. Seul Georges était terrifié. Sa solitude face à la monstruosité de l’hurlante et gémissante obscurité, en l’absence de Laure, l’eût rendu fou.  

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25/05/2014

La peur 6

La peur 6

 

«  - Quand est-ce que ça finira, tout ça ? Gaspiller l’argent du ménage avec une bande de poivrots ! Tu n’as pas un gramme de dignité ! Pauvre loque, chiffe molle, bon à rien sauf à lever le coude ! Comment ai-je pu me lier avec ça ? J’aurais mieux fait d’écouter mes parents, qui m’avaient avertie que ça finirait mal !  Et me laisser faire une ribambelle d’enfants, par-dessus le marché ! J’aurais dû t’empêcher de me toucher, après la naissance de Laure ! Un enfant malheureux suffisait bien ! Ah, si seulement tu pouvais crever, nous vivrions  plus heureux !

             - Raymonde, sois plus libérale, laisse-moi vivre, j’ai ben l’droit de voir les copains, tout d’même ! Tu m’interdis tout ! Quand l’homme travaille, faut ben qu’il s’offre des p’tits plaisirs ! » 

   

 

 

09:02 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)