09/03/2014
Sous le regard des étoiles 14 (Unter dem Blick der Sterne)
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Danse à trois
Aux portes du poème, il cogne, cet homme triple.
Au cœur du temps, trois figures d’une même silhouette.
Battre la mesure, triplement, et que vive le rythme !
Ici, vers le haut s’étirent les bras – pour saisir la lune grise.
Ou, les bras tendus vers l’invisible, pour embrasser ce qui de lui seul serait connu.
Ou, à l’arrière-plan, situé dans l’au-delà de notre vision, tête portée, soutenue par les deux danseurs.
Où se cache le chorégraphe ? Existe-t-il ?
Si oui, les règles de la danse nous demeureront celées.
Ainsi va l’œuvre : l’œil la scrute, l’esprit la sonde, mais le mystère ne se livrera pas.
De même ce poème : comme l’huître il se referme, sur la perle – ou son hypothèse, comme le silence clôt l’absence.
Tanz zu Dritt
An die Türen des Gedichts klopft dieser dreifache Mann.
Im Herzen der Zeit, drei Körper von gleicher Gestalt.
Den Takt schlagen, dreifach, und dass der Rhythmus lebe !
Hier, gegen die Höhe recken sich die Arme – um den grauen Mond zu greifen.
Oder, die Arme gespannt zum Unsichtbaren, zu umarmen, was nur ihm allein bekannt ist.
Oder, im Hintergrund, außerhalb unseres Blick, den Kopf gretragen, gehalten von den beiden Tänzern.
Wo verbirgt sich der Choreograph? Existiert er?
Falls ja, die regeln des Tanzes bleiben uns verborgen.
So entsteht das Kunstwerk: das Auge prüft es, der Geist lotet es aus, aber das Geheimnis entfaltet sich nicht.
Genauso dieses Gedicht: wie die Auster schließt es sich über der Perle – oder seiner Hypothese, wie das Schweigen die Abwesenheit einschliesst.
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08/03/2014
Sous le regard 13
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Ange, à demi
La moitié de l’ange, oui : humanité de chair d’abord sous le voile de la peau, si vulnérable.
O les ramifications des vaisseaux, porteurs si riches de chaleur !
Etre de fragilité, tu aspires à la force – spirituelle - qui t’élèverait jusqu’à la zone où se raréfie l’oxygène, où tel le couteau, sous la meule des Dieux, s’affûte l’âme comme lame.
Mais l’aile unique pend, inefficace, inutile.
Qu’elle frémisse, batte et claque !
Du sol les pieds décolleront – si peu !
Ta destinée se nomme Terre.
Vis, en ce corps périssable, champ où tu récoltes, mêlées, fleurs du bonheur et ronces du malheur.
Diluée dans le sirop des joies, tu le sais, nous boirons aussi l’amertume.
Fatal devoir : chaque jour envisager le départ, la plongée sans retour, le saut vers ce que nomment toutes les langues ; laquelle la saura définir ?
Ange, à demi, moitié de l’ange, aime ta chair, pour ce qu’elle est : périssable.
De son mieux, l’esprit fleurira – si tu ne le cèdes aux friches…
Engel, halb
Die Hälfte des Engels, ja: das Menschsein als Fleisch zuerst unter der Hülle der Haut, so verletzlich.
O die Verästelungen der Gefäße, Träger der Wärme.
Wesen, zerbrechlich, du strebst nach der Kraft – der geistigen – die dich hebt bis zum Bereich, wo der Sauerstoff sich verdünnt, wo gleich dem Messer, unter dem Schleifstein der Götter, die Seele sich schärft.
Aber der Flügel hängt, unwirksam, unnütz.
Dass er bebe, schlage und flattere.
Vom Boden deine Füße werden heben sich – so wenig.
Deine Bestimmung heißt Erde.
Lebe, in diesem vergänglichen Körper, Feld wo du erntest, vermengt, die Blumen des Glücks und Stacheln des Unglücks.
Aufgelöst in den Sirup der Freuden, du weißt, trinken wir auch Bitternis.
Zwang des Schicksals: jeden Tag zu erwägen die Abreise, das Eintauchen ohne Wiederkehr, den Sprung zu dem, was alle Sprachen nennen, aber keine zu bestimmen weiß.
Engel, halb, halber Engel, liebe dein Fleisch für das, was es ist: verderblich.
Sein Besten gebend, wird dein Geist blühen – wenn du ihn nicht der Brache überlässt...
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07/03/2014
Sous le regard 12
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Fleur de chair
Coquelicot : mot qui clame la victoire - provisoire - de l’été.
Syllabes qui claquent, comme le cri du coq, telle aussi sa crête, par son bec arrachée au crépuscule cramoisi des soirs estivaux.
Ou, pavot, fleur aux senteurs vocales d’où s’élèvent de merveilleuses paroles d’angoisse : pivot de l’hébétude, de la somnolence et du délire.
Comme ligne de partage, la tige noire : au long des plaines s’étale, ondoyante, la blondeur.
Le blé triomphe, avant que juillet moissonneur ne l’égrène.
Infatigable forgeron, Soleil martèle l’enclume Terre de ses rayons.
Puis, s’éclôt le doute.
Si cette fleur couleur de sang dessinait le confluent de deux cuisses ?
Si, sous la soyeuse apparence des pétales, brûlait la chair ?
Si sous le voile écarlate s’abritait l’obscure profondeur d’un puits de désir, d’une source d’amour ?
A décider, le regard hésite.
Pour ceci, pour cela, l’esprit choisira. Qu’importe ? La fleur elle-même se veut coupe de jouissance.
Lorsque vacille la pensée, du poème le silence se sacré le Roi.
Blume des Fleisches
Klatschmohn: Wort, das rausschreit den Sieg – den vorläufigen – des Sommers.
Silben, die knattern, wie der Schrei des Hahns, wie auch sein Kamm, durch seinen Schnabel herausgeschleudert in der knallroten Dämmerung der Sommerabende.
Oder, Mohn, Blume des stimmlichen Dufts, von wo sich erheben die wunderbaren Worte der Angst: Drehpunkt des Stumpfsinns, des Dämmerschlaf und Deliriums.
Wie eine Trennlinie, der schwarzer Stängel: über die Ebenen breitet sich aus, wogend, das Blond.
Das Getreide triumphiert, bevor der Schnitter Juli es entkörnt.
Unermüdlicher Schmied, Sonne hämmert den Amboss Erde mit ihren Strahlen.
Dann entsteht Zweifel.
Ob diese blutrote Blume den Zusammenfluss zweier Schenkel bezeichnete?
Ob unter der seidigen Erscheinung der Blüten das Fleisch brannte?
Ob unter dem scharlachroten Schleier sich birgt die dunkle Tiefe einen Brunnens des Verlangens, einer Quelle der Liebe?
Dies zu entscheiden zögert der Blick.
Für dieses, für jenes, der Geist wird entscheiden. Was macht’s? Die Blume selbst will Kelch des Genusses sein.
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