Les ailes brisées 4

 Les ailes brisées (4)

  

   « - Elle arrive sur nous, Petrov ! Nous sommes foutus ! »

    D’une seconde à l’autre, ce fut la nuit. Une terrifiante obscurité de violence, de véhémence hurlante, qui empoigna l’avion, le retourna, la bouscula, la propulsa.  En vrille,  l’appareil atteignit une vitesse affolante, puis, sans ménagement, la tornade le projeta vers le sol, où il s’écrasa.

    Cinq heures plus tard, lorsque Petrov reprit connaissance, le jour commençait de baisser. Le pilote était étendu sur un épais tapis de fougères, si grandes, si touffues, qu’elles avaient amorti le choc. Autour de lui, les plus hautes d’entre elles s’élevaient à sept mètres de hauteur. Une telle luxuriance était totalement anormale dans la steppe, mais le rescapé n’en était pas à se demander si cette végétation était native ou non de la terre de laquelle il la voyait jaillir.  

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Les ailes brisées 3

Les ailes brisées (3)

 

   L’appareil obéit sans anicroche à son maître aux très larges épaules, à la taille gigantesque : deux mètres vingt et cent dix kilogrammes de pure énergie. Tout son immense corps  évoquait la force et la puissance. La masse musculaire était proportionnée à la stature. Lorsqu’il s’installait dans le poste de pilotage, il devait se plier en deux. C’était presque miracle qu’il réussît à y caser sa prodigieuse anatomie. Il prit donc la direction salvatrice que d’urgence s’était fixé l’équipage. La fuite pouvait encore être synonyme de salut.

    Derrière l’oiseau métallique, le point noir avait tellement grossi qu’il était devenu montagne en avalanche.  La masse dégringolait vers eux, comme déterminée à les écraser, les broyer, les pulvériser. Youri cria :

  

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Les ailes brisées 2

Les ailes brisées (2)

 

    Les deux aventuriers n’osaient prononcer le mot fatidique : tornade. Depuis une trentaine d’années, ces épouvantables accès de violence étaient apparus puis s’étaient multipliés, au-dessus de ces territoires où naguère ils avaient été inexistants. C’était l’un des aspects du dérèglement climatique, causé par l’excès de dioxine de carbone dans l’atmosphère. Les tornades étaient de force très variable, mais il ne fallait pas traiter le phénomène à la légère, car, dans tous les cas, il était dangereux.  

    Cela s’approchait d’eux à une vitesse très supérieure à celle du quadriplace. Petrov entama la manœuvre, avec le plus grand calme apparent, mais en réalité la peur tordit ses tripes. Il poussa le manche à fond vers la droite,  donna pleins gaz aux moteurs, qui atteignirent la vitesse de croisière maximale. 2.5OO tours par minute, 3OO kilomètres à l’heure. Le virage était engagé.   La réussite de la retraite dépendrait de l’ampleur de la perturbation atmosphérique.  Si la tornade saisissait l’appareil dans sa poigne fracassante, ils auraient bien peu de chance d’en échapper vivants.

  

 

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