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01/02/2013

Carnet d'une randonnée (6)

Parlez-en à vos parents ou amis bretons, à tous ceux qui aiment la Bretagnen ! 

Carnet d’une randonnée (6)

     Revenons au manoir de 1977, qui devint, en quelque sorte, pour moi l’archétype de tous les manoirs bretons. Ma connaissance de la Bretagne était alors minimale. Nous étions venus, mes parents, mes sœurs et moi, en 1961, passer des vacances pluvieuses dans le Morbihan, à camper près d’une ferme, où nous allions chercher le lait frais, si crémeux  qu’à lui seul il  pouvait servir de dessert. Je n’avais, de cette période, conservé que des souvenirs très imprécis. Me reste, en particulier, l’image de la vieille tante, qui ne parlait pas Français, et qui courut vers mon père en lui ouvrant les bras, et parlant sa langue celtique, pour nous incompréhensible.   

    « Mon » premier manoir n’était pas normalement ouvert au public. Si j’ai oublié le nom qu’il porte, c’est peut-être que, dans ma mémoire bretonne, laquelle n’est qu’une part précise de ma mémoire totale,  il est devenu « le manoir ». Son existence était signalée dans le topo-guide du sentier de grande randonnée. Aussi m’en approchai-je, comme n’importe quel touriste,  d’abord pour le voir, ensuite parce que j’espérai pouvoir le photographier. Ces choses-là ne sont pas toujours possibles. En particulier, en Touraine, de hauts murs et les arbres d’un parc dissimulent souvent la gentilhommière aux regards fureteurs. 

    En l’occurrence, il s’agissait de l’une de ces vieilles et belles demeures au toit d’ardoise et bâties en granit. Il est remarquable que le mot « demeure », lorsqu’il remplace « manoir », attire presque inévitablement à lui les adjectifs « belle » et « vieille », comme si nous récitions un acte de foi dans la beauté de ces constructions. A noter que nous commençons par les qualifier de « vieilles », ce qui permet d’inférer que la beauté dérive de l’ancienneté, comme si celle-ci garantissait l’existence de celle-là.   

Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, 324 pages, 14 Euros frais d’envoi offerts.

 

31/01/2013

Carnet d'une randonnée (5)

Parlez-en à vos parents ou amis bretons, à tous ceux qui aiment la Bretagne !

Carnet d’une randonnée (5)

 

    Cette année, c’est-à-dire en août 2006, nous eûmes la chance, mon épouse et moi-même, de pouvoir assister à une soirée de contes, au manoir de Kergroadés, dans le Finistère. Situé au bout d’une allée ombragée, en pleine campagne, le manoir est le plus idéal des lieux, pour une telle occasion. L’ancienneté des murs, l’ampleur du bâtiment, avec ses vastes zones d’obscurité, l’environnement naturel, nous ont rejeté des siècles en arrière.

    L’assemblée, au sein de laquelle les enfants étaient  nombreux, choisit de n’allumer que des chandelles. Tant mieux. L’éclairage électrique souligne crûment les lignes et les reliefs. L’électricité ne permet pas de doute et détruit le mystère. La lueur vacillante des bougies préserve la part d’inconnu, sans laquelle l’imagination se  flétrit.

    Bernard Clavel l’a bien expliqué, dans son livre intitulé Les petits bonheurs, où il nous conte que son père ne voulait pas faire installer l’électricité chez eux. Dans l’enfance du romancier, l’on allumait la lampe à pétrole, à la lumière changeante, le plus tard possible. Vivre au cœur des ombres oblige à créer sa féerie de lumières. L’enfance demeure la période où règne le merveilleux. Celle ou celui qui sait, au fond de soi, préserver cette zone intacte se donne des chances de développer une fastueuse imagination.  

    Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, 324 pages, 14 Euros frais d’envoi offerts.

 

30/01/2013

Carnet d'une randonnée (4)

Parlez-en à vos parents ou amis bretons à tous ceux qui aiment la Bretagne !

Carnet d’une randonnée (4)

    En 1977, dès le premier jour, j’eus la chance de pouvoir visiter l’un de ces légendaires manoirs bretons. Si je les qualifie ainsi, c’est certainement parce que, dans ma mémoire de lecteur, subsistent des légendes, avec leur cortège de fantômes, fées, sorcières et korrigans, preux chevaliers, félons et gentes dames, le merveilleux, l’incroyable peuple des contes, auquel nous voulons cependant croire un peu, ce mélange d’êtres humains ayant une part de vérité historique et de créatures fantastiques,  les premiers cautionnant les seconds. Bien sûr, la Bretagne ne possède pas le monopole du conte. Le genre existe mondialement, mais chaque région lui donne une coloration particulière. Cela n’est pas l’objet de ce petit carnet de marcheur, donc je n’irai pas plus loin dans cette direction. Par contre, comme le marcheur qui s’écarte du sentier principal pour apercevoir telle ou telle chose, je n’interdirai pas à ma pensée de digresser. Les détours nous instruisent davantage et mieux que la ligne droite. 

    Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, 324 pages, 14 Euros frais d’envoi offerts.