09/02/2013
Carnet d'une randonnée (14)
Parlez-en à vos parents ou amis bretons, à tous ceux qui aiment la Bretagne !
Carnet d’une randonnée (14)
« Maintenant, je suis parfois heureux, me confia-t-il. Je passe des soirées entières à fumer sur le pas de ma porte, à penser. Si je savais écrire, je ferais un livre. Tu crois que je suis fou, non ? Ne me vouvoie pas. Je n’aime pas qu’on me vouvoie. Tu vois, je t’ai ouvert ma porte. Ici, tout est à toi. C’est ça l’hospitalité bretonne. J’ai vu beaucoup de pays. Je n’ai jamais connu d’endroits aussi hospitaliers que Mur-de-Bretagne. Partout où il va, le Breton est un monsieur. Nous n’aimons pas les salauds. Bon, enfin, tu peux rester aussi longtemps que tu voudras. Tout ce qui est à moi t’appartient. Tu disposes de tout comme bon te semble. »
Martial fut un peu vexé que je n’accepte pas son offre.
« Dis tout de suite que c’est pas assez chic pour toi, ici. »
Je me tirai plutôt piteusement de cette situation embarrassante, en invoquant la gêne causée, tandis que lui me répétait que je ne le gênerais pas du tout.
Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, 324 pages, 14 Euros frais d’envoi offerts.
Parlez-en à vos parents ou amis bretons à tous ceux qui aiment la Bretagne
09:14 Publié dans Autobiographie | Lien permanent | Commentaires (0)
08/02/2013
Carnet d'une randonnée (13)
Parlez-en à vos parents ou amis bretons, à tous ceux qui aiment la Bretagne !
Carnet d’une randonnée (13)
Le petit Martial
A Mur-de-Bretagne, village où je me reposai quelques jours, à cause de très vives douleurs musculaires dans mes jambes, je fis la connaissance d’un dénommé Martial. Je le rencontrai dans un bar, où j’avais demandé si l’on connaissait un paysan qui m’autoriserait à dormir dans une grange, sur la paille. C’était une sorte de défi que je m’étais lancé, de dormir le moins souvent possible à l’hôtel, afin d’éprouver l’hospitalité bretonne dont m’avait parlé mon père. Martial n’avait pas de grange ni de paille, mais il m’offrit son hospitalité. Je déclinai poliment l’offre, car, à la vue du logement, je compris que Martial était plus pauvre que moi. J’aurais eu honte d’abuser de la générosité d’un homme aussi spontané.
Martial avait le cheveu grisonnant, frisait la soixantaine, était célibataire, artisan, autodidacte. Bien qu’il n’eût fréquenté que l’école primaire, il avait lu les philosophes : Diderot, Voltaire, Rousseau, Kant, Marx, Engels et bien d’autres.
Il m’avoua qu’il avait été séduit, pendant sa jeunesse, par le marxisme, qui le déçut ensuite. Martial me dit avoir été confronté au communisme au cours de la Seconde Guerre mondiale, parce qu’il combattit pendant six mois dans les rangs de l’Armée Rouge. Etait-ce vrai, ou fabulait-il pour se grandir devant ce randonneur inconnu ? Je l’ignore, mais veux croire qu’il n’a pas menti. Quel intérêt aurait-il eu à le faire, auprès d’un étranger qu’il ne reverrait probablement jamais ?
Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, 324 pages, 14 Euros frais d’envoi offerts.
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07/02/2013
Carnet d'une randonnée (12)
Parlez-en à vos parents ou amis bretons, à tous ceux qui aiment la Bretagne !
Carnet d’une randonnée (12)
Ils furent condamnés par un empereur romain à mourir de faim, murés dans une caverne. Là, ils prièrent le Seigneur de leur accorder un profond sommeil, jusqu’à des jours meilleurs. Leur vœu fut exaucé. Deux cents ans plus tard, un paysan surpris de voir la caverne murée, voulut en percer le secret, et libéra ainsi les sept saints. Ils cherchèrent à se procurer de la nourriture, mais l’argent qu’ils voulaient utiliser n’avait plus cours. Découragés, ils retournèrent dormir pour l’éternité dans leur caverne.
Quelle morale tirer de la légende, sinon que personne ne peut impunément se transporter d’une époque à l’autre ? Même si quelque machine nous permettait de voyager dans le temps, nous n’en serions pas plus heureux, car notre époque nous modèle et, projetés dans une période antérieure ou postérieure, nous serions totalement inadaptés La chose est encore plus vraie depuis un siècle. Tout change si vite que même le recul de cinquante ans serait intolérable.
Mon hôte eut l’amabilité de m’offrir du cidre et de faire remplir ma gourde d’eau fraîche. Ceci ne fut que le premier exemple d’une hospitalité qui devait se manifester à maintes reprises, au long de la randonnée. « Mon » manoir initial est anonyme, mais des souvenirs chauds et sympathiques auréolent son image lointaine, faisant de lui un lieu unique de ma mémoire.
Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, 324 pages, 14 Euros frais d’envoi offerts.
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