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23/04/2015

Colloque sur Shakespeare

Colloque sur Shakespeare et la culture mondiale

 

    C’est sous la direction de Frédéric-Gaël Theuriau, directeur du Centre d’Études Supérieures de la Littérature, qu’aura lieu le colloque international intitulé William Shakespeare et la culture mondiale.  

   Dates, horaires et lieu : du mardi 21 au jeudi 23 avril, à la médiathèque de La Riche, de 10 heures à 17 heures.

    Nous remercions vivement la mairie de La Riche, pour son très actif soutien, à cette occasion.

    Pour tous renseignements, utiliser ce lien :

http://www.cesl.fr.gd

   Personnellement, j’interviendrai le jeudi matin, à onze heures trente, sur le thème : Shakespeare dans Ulysse de Joyce, ou « L’homme de Stratford et ses fuax doubles dublinois. »

 

   Yann Le Puits, membre du CESL et du Comité de lecture.

 

 

19/04/2015

Ulysse 28

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (28)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

Deuxième partie

 

 

 

14 Les Bœufs du Soleil, que les compagnons d’Ulysse immolèrent, pour leur malheur.

  A la maternité de Holles Street, Mme Purefoy souffre depuis trois jours. On reconnaît, dans « Holles » la racine germanique « holl » du mot anglais « hole », le trou, le creux ; Horne, le nom de l’un des directeurs, nous rappelle « horn », corne d’abondance. Le chapitre compte neuf épisodes, équivalents aux mois de gestation, avec de plus une introduction, image du coït, et une conclusion, l’accouchement.

    Le déroulement narratif résulte de la profusion des parodies. Bloom se transforme, il change de métier, de nom, d’époque.

L’utilisation puis le rejet de chacun des styles équivaudrait au massacre des bœufs, dans L’Odyssée.

    D’où le soupçon d’une futilité de la littérature, mais  tuer le style n’est pas compatible avec le symbole de fertilité, central ici. En recyclant les auteurs, Joyce ne les tue pas, il leur donne une vie nouvelle.

    Bloom arrive devant la maternité, où travaillent des religieuses. Impies, les carabins festoient.

     Les styles archaïsants manifestent une volonté de dérision. Le repas est présenté comme un festin, chanté sur le ton de l’épopée. Stephen est déjà très aviné.

   Le débat roule sur la question de savoir, en cas d’accouchement compliqué, s’il vaut mieux sauver l’enfant ou la mère. La majorité se prononce pour la mère. Interrogé, Bloom déclare que, dans tous les cas, l’Eglise empoche des deniers. Au nom de la Sainte Religion, Stephen dénonce l’éjaculation qui ne conduit pas à la procréation. Le jeune docteur Dixon se dit prêt à déshonorer n’importe quelle femme, pour satisfaire sa luxure. Mulligan se déclare prêt à repeupler l’Irlande, avec la complicité active des jeunes et jolies femmes du pays.   

   Ils  invoquent Erin, l’Irlande, et tracent un parallèle entre son sort tragique et celui d’Israël. L’ancien boxeur Punch Costello entonne une chanson paillarde. Le tonnerre gronde. Les autres disent au chanteur de se taire, ils craignent le dieu Thor. Bloom explique le phénomène de façon scientifique.

   Le message  est réitéré : forniquons, mes frères et tournons le dos à la Foi. Il grêle des blasphèmes. L’orage éclate, accompagné d’un vent fort, et les gens courent s’abriter.

    L’épidémie de fièvre aphteuse vient sur le tapis. Du bétail va être abattu, ce qui nous ramène au chapitre 2. La sage-femme vient chercher Dixon, pour Mme Purefoy. Dès qu’elle est sortie, les grivoiseries reprennent, la grossièreté est à son comble. Bloom se tait, mais juge mal la compagnie, même si elle a l’excuse de la jeunesse. II s’étonne du fait que le diplôme transforme des débauchés en respectables praticiens.

    Ensuite se déroule une vision cosmique du voyage céleste des âmes, puis des spectres d’innombrables troupeaux. La beuverie se prolonge chez Burke et, finalement, ils décident d’aller dans une maison close. Le langage se dégrade en charabia, évocation de la naissance.

 

 

12/04/2015

Ulysse 27

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (27)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

 

Deuxième partie

 

 13 Naussica, fille du roi Alcinoos, de Phéacie

  Bloom arrive à la plage de Sandymount, où il voit une jeune fille, Gerty Mac Dowell. Entre eux,  rien ne se passe; tout se produit dans l’imagination de l’homme.   

    Le style sirupeux dénote aussitôt l’ironie. Joyce a défini ce chapitre comme de la « mariolatrie ». Romances, magazines de mode, publicité, prières à Marie, clichés, proverbes, sagesse populaire, contes de fée, langage familier, euphémismes s’y disputent la prééminence.  Le texte est parsemé de nombreuses ruptures syntaxiques et d’inclusions, qui rappellent le langage parlé, de parenthèses que n’annonce pas la ponctuation. L’effet obtenu  s’apparente au discours logorrhéique.

   Nous revenons au monologue intérieur. La jeune fille est perçue totalement à travers la subjectivité de Bloom. Gerty attache grande importance aux colifichets. Elle possède une collection attrayante pour le fétichiste. Tout en elle est constitutif de la féminité, du point de vue de Bloom. Proie des fantasmes masculins, Gerty devient le produit du désir de Bloom.

     La description de Gerty contient tous les poncifs de l’idéal féminin occidental, en vigueur à l’époque : doigts effilés, teint d’albâtre et yeux bleus. Les superlatifs pleuvent.

    Des chants s’élèvent, implorations à la Vierge, pour que les ivrognes se soignent. Or, la belle Gerty souffre de l’alcoolisme paternel. Deux autres jeunes filles accompagnent Gerty. Elles veulent assister à un feu d’artifice et partent. Persuadée que Bloom l’admire, Gerty reste sur la plage, d’où elle verra le spectacle. Pour cela, elle se penche en arrière, et montre ses jambes à Bloom, dont le regard s’élève le plus possible, d’où le parallèle avec les fusées. Le voyeur se donne alors le plaisir des solitaires.

    Elle se lève et Bloom s’aperçoit qu’elle est boiteuse.  Suivent les considérations de Bloom, sur les dessous féminins, le voyeurisme, les menstrues, la mode, la rivalité entre femmes, l’aigreur des religieuses.

   La fin nous présente le bateau postal, qui part vers Liverpool, dans un formidable brassage d’images, où se mêlent navires, tempêtes et  naufrages, les femmes et l’amour, la jeunesse et la vieillesse, la vie et la mort, l’histoire du peuple juif. Le promeneur trouve un morceau de bois, sur lequel il voudrait écrire « Je suis », mais y renonce, car l’océan efface tout.