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01/03/2015

Ulysse 20

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (20)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

 

Deuxième partie

 

6 Hadès, maître des Enfers.

    Pour l’enterrement de Dignam, le départ s’effectue en voiture, avec Martin Cunningham et Simon Dedalus, le père de Stephen. Ils traversent une rivière et deux canaux, rappels des fleuves des Enfers. Bloom voit Stephen et considère que Simon a de la chance, d’avoir un fils. Simon déteste Mulligan, qu’il accuse de corrompre « le barde ». 

   Bloom se souvient de son père, qui s’est suicidé.  Ce réaliste ne s’illusionne pas sur « la vie après la mort ». Sa lucidité  décape tout. La solennité de l’évènement n’occulte pas les préoccupations habituelles. Tous aperçoivent Boylan, l’amant de Marion. Le mari se demande ce qu’elle lui trouve de si spécial. 

     Le groupe observe le passage de bœufs, exportés vers l’Angleterre. Bloom propose que la municipalité prolonge la ligne de tram jusqu’au cimetière ; de même, des trains emporteraient le bétail au port. Hommes et bestiaux placés sur le même plan : viande à évacuer. Le regard de Bloom note les signes de misère : aspect morne et sordide des rues, ivrogne-rie, enfants rachitiques ou tuberculeux.

   La cérémonie se déroule à la chapelle mortuaire ; le prêtre au ventre rebondi est décrit comme un crapaud, à voix de corbeau. La drôlerie provient du fait que Bloom assiste à la cérémonie en païen : il utilise son journal comme prie-Dieu, ne trouve aucun sens aux paroles, ni aux gestes ; il considère la cérémonie comme une farce.

    La nécrophilie intrigue Bloom. Sacrilège, il ose un fantasme de copulation, au milieu des tombes, puis imagine les cadavres utilisés comme engrais : désacralisation de la mort.

   Un rat « rondouillard » s’échappe d’une chapelle ; Bloom se figure ses repas…

 

 

 

 

 

23/02/2015

Ulysse 19

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (19)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

Deuxième partie

 

5 Lotophages ou mangeurs de fruits.

   Nous apprenons l’année de naissance de Bloom : 1866. Il a trente-huit ans. Il entre dans l’église de Tous Les Saints et, par curiosité, assiste à la messe.  Ce serait un endroit propice, pour rencontrer des jeunes femmes… Le mécréant perçoit l’Eglise comme une horlogerie bien montée, qui rapporte gros. Il admire l’habileté des prêtres et considère l’institution de l’extérieur, en pragmatique.

   Equivalent du « lotos », l’Eucharistie endort l’esprit. La messe en latin sert à anesthésier la pensée. Bloom prend la communion au pied de la lettre et l’assimile à l’anthro-pophagie. Le sacré devient profane. Il se souvient de Denis Carey, catholique pratiquant, qui aurait dénoncé les Invincibles, au cours de  l’insurrection de 1882 et 1883.

   L’apothicaire Sweny lui propose des philtres d’amour. Comme l’encens, parfums et  savons produisent des effets narcotiques. Une lettre l’attend, à la poste. Sa correspondante, Martha Clifford, envoie une fleur séchée à Henri Fleury, pseudonyme amoureux de Bloom ; le langage se matérialise.

 

    Bloom arrive devant les bains, construction mauresque à ses yeux. Il va se purifier physiquement et, dans le bain; s’approprie la phrase « Ceci est mon corps ». Le symbole se dégrade en objet périssable.  

17/02/2015

Ulysse 18

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (18)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

Deuxième partie

 

4 Calypso, nymphe qui tenait Ulysse captif

     A 8 heures, Bloom  est chez lui, au 7 Eccles Street. Il pense aux rognons qu’il va déguster. Bloom est l’homme concret, par opposition à Stephen, l’intellectuel. Il aime les abats,  ce que l’on récupère. De même, il ramasse les vêtements de Marion, s’intéresse aux excréments et veut assembler des informations éparses.

   Calypso donne un écho à Télémaque, mais les symboles deviennent triviaux. A la tour Martello, Haines rêvait d’une panthère noire et montrait une pierre verte à Stephen. Bloom semble une tour pour le chat, dont les yeux sont des gemmes. Alors que Stephen transforme les objets en symboles, le réalisme de Bloom préserve la réalité de l’objet, mais dégrade les symboles.

   L’homme prend son chapeau. Un papier se trouve caché, sous la bande de cuir. Il sort et se réjouit, car le soleil brille. Il doit assister à l’enterrement d’un ami, Paddy Dignam. Voyant un bar, il s’interroge : 

    « Soif universelle. Un bon casse-tête : traverser Dublin sans passer devant un zinc. »

  Dans Ulysse, le fléau de l’alcoolisme est un thème récurrent.  Bloom entre chez le charcutier ; la bonne des voisins est là. Il lorgne ses hanches. Deux désirs coexistent : rognon et chair de femme. Les doigts du charcutier sont roses comme des saucisses, la femme a des jambons.

    Au retour, il trouve le courrier : une carte et deux lettres dont une, destinée à Marion, porte une écriture décidée, celle de Blazes Boylan,  imprésario et amant de sa femme.  Bloom la réveille et lui donne la lettre, qu’elle cache sous l’oreiller. Le mari prépare le petit-déjeuner, monte le plateau, mais  elle lui reproche sa lenteur.

    Marion demande des explications à Bloom, à propos de  « métempsychose ». Il lui parle de réincarnation des âmes. Au-dessus du lit, l’image d’une nymphe nue ; Marion en serait-elle la réincarnation ? L’amateur d’abats déjeune et lit la lettre de leur fille, Milly, bavardage d’une jeune écervelée. Elle les remercie pour les cadeaux, reçus à l’occasion de ses quinze ans. Le souvenir de sa naissance ramène Bloom à celle de Rudy, le fils mort à onze jours.    

    L’homme va s’isoler, au fond du jardin. La description de la défécation est médicale. Il se livre à des réflexions sur le fumier, les fientes et le crottin, qui bonifient la terre. Diverses préoccupations s’entremêlent : la constipation, les hémorroïdes et son appréciation de la nouvelle, lue dans le journal.

  Finalement, il s’essuie avec la moitié de l’histoire. Serait-ce là la dernière utilité de la littérature ? Des cloches lui rappellent l’enterrement de  Dignam, l’ivrogne.