Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

06/04/2015

Ulysse 26

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (26)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

 

Deuxième partie

 

 

12 Cyclope (Polyphène)

  A cinq heures, Bloom est au bar de Barney Kiernan. Sont aussi présents le Citoyen et le narrateur anonyme, Je ou I, phonologiquement identique au mot eye, l’œil.  Un ramoneur a bien failli crever l’œil de « I ».

     Le Citoyen, géant à l’esprit borné, xénophobe et nationa-liste effrené, est accompagné d’un chien qui jure en irlandais. Tous font chorus avec lui, sauf Bloom, qui devient la cible, comme juif.

   On trouve, au cours de la narration, des éléments qui lui sont étrangers : un document commercial incomplet, extraits d’articles de journaux, parodies de la bible ou de légendes irlandaises, traductions de verbes gaéliques, descriptions d’appareils, listes variées, etc. Les énumérations ou descrip-tions au style pompeux alternent avec des dialogues argotiques. 

     Les malheurs de l’Irlande sont répertoriés. Bloom essaye de faire entendre la voix de la modération, mais n’y parvient pas. Son appartenance à la nation irlandaise est mise en doute. Il rappelle que les Juifs sont aussi persécutés, préconise l’amour, puis sort pour chercher Cunningham.

    Le Citoyen ne cesse de déblatérer contre Bloom, qui revient. Son ennemi lui reproche de ne pas offrir à boire et Cunningham pousse Bloom dehors. Le Citoyen veut assommer Bloom, en lui jetant une boite à biscuits à la tête, dérisoire équivalent du rocher lancé par le Cyclope, dans l’Odyssée. Un miracle conclut l’épisode :  Bloom s’élève en gloire vers les cieux.

 

 

31/03/2015

Ulysse 25

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (25)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

Deuxième partie

 

 

11 Sirènes

    « Les sirènes », chapitre musical : le sens des mots compte moins que les sonorités. D’où le recours fréquent à l’allitération et les nombreuses allusions à un opéra, La rose de Castille ; or, Bloom et Marion se connurent à Madrid.

   Le comptoir du Ormond bar se dresse, comme un « récif ». Miss Lydia Douce et Miss Mina Kennedy causent de babioles féminines et d’un inépuisable sujet, la bêtise masculine. Bloom sait que Stephen est passé au bar, avec Mulligan. Les jeunes hommes sont attirés par les sirènes, supposées vierges.   Comme Marie, elles portent des  habits blancs et bleus.

    Les douceurs du péché occupent la pensée de Bloom. Par exemple, il voudrait acheter un jupon pour Marion.

   Le père Cowley se met au piano et Ben Dollard chante, de sa superbe voix. Simon Dedalus chante aussi, à la satisfaction générale. Bloom se dit que son organe de ténor aurait pu lui apporter la fortune. Boylan, bouillant d’impatience, cahote cahin-caha vers le rendez-vous.

  Les réflexions de Bloom roulent sur la musique : tout peut en produire, par vibrations ; ensuite, viennent les femmes, l’amour, la vieillesse, le fils mort, images qui filent.

    Dans une vitrine, il lit la phrase célèbre de Robert Emmet, chef indépendantiste du 18e siècle, après sa condamnation à mort  : « Lorsque mon pays prendra sa place parmi les nations de la terre, alors et alors seulement, que l’on écrive mon épitaphe. Je n’ai plus rien à dire ».

 

 

 

 

25/03/2015

Ulysse 24

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (24)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

Deuxième partie

 

10 Rochers Errants

    Ce chapitre compte dix-huit scènes. Chacune présente une interpolation, ou interruptions narratives, à l’insu des person-nages. Dans des scènes banales, les acteurs sont « encadrés » : l’essentiel consiste à savoir qui voit qui, où, faisant quoi. Lorsque la scène commence à prendre du sens, une interpo-lation vient la miner.

   En fait, les anecdotes se déroulent parallèlement les unes aux autres, à l’intérieur de la  machine qu’est la ville. Le cadre dicte sa conduite aux personnages, réduits au rôle de rouages. Nous assistons à un ballet, où des danseurs apparaissent, tandis que d’autres disparaissent. Tous, finalement, tournent autour de la cavalcade du vice-roi, qu’ils saluent avec une déférence hypocrite.

   En voici deux exemples :

   Devant les salles de ventes aux enchères, Dilly Dedalus réclame de l’argent à son père. Celui-ci évoque sa mort prochaine, comme une délivrance. Il repart pour chercher de l’argent, « dans le caniveau », dit-il. La scène est scandée par les rappels de la cloche du crieur.

    Interpolations : la course cycliste, Tom Kernan satisfait de ses affaires, le passage du cortège vice-royal.

   Deuxième exemple :

   Stephen a porté une chaîne au prêteur sur gages. De l’établissement se dégage une atmosphère glauque. Nous savons ses pensées sur la machinerie, l’horloge, le cœur et les pulsations. Comme Bloom, il s’arrête chez les bouquinistes ; ses prix ont dû échouer là. Il y rencontre sa sœur Dilly, qui vient d’acheter un manuel de français, sans couverture. Un sentiment de grande misère submerge Stephen.

    Interpolations : les deux vieilles femmes, rapportant des coques ; le Père Conmee et son bréviaire.