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09/07/2013

Le gêneur 21

Le gêneur innocent 21

 

   Ils s’arrêtent pourtant devant la cellule numéro 19, de laquelle s’échappent des phrases articulées, accusatrices et vengeresses :

    «  Ordures fascistes ! Je veux un avocat ! Ouvrez cette porte et laissez-moi téléphoner ! »

     Le rebelle a entendu s’approcher les sbires et leur prise. Il se met à tambouriner contre la porte. Le lieutenant s’arrête, ordonne le silence au récalcitrant, qui lui lance une bordée d’injures et redouble ses coups contre la tôle. L’officier ouvre la porte.   

    Le Gêneur évalue la taille du protestataire à deux mètres. Sa carrure de grizzli emplit le volume exigu de la cellule. La puissance du colosse n’est pas que physique. Dans son visage ravagé par les séances de tabassage, le regard a conservé une redoutable vivacité, Avec fougue et colère, il défie ses tortionnaires. Le témoin présume que l’hercule n’a pu frapper la porte de ses poings, car il tient ses bras derrière son dos, comme si des menottes immobilisaient ses mains. Seuls les pieds ont frappé. Longs, larges et nus, leur voûte plantaire est probablement protégée par une épaisse callosité. 

       Nouvelle extraite de Au creux du Styx

 

 

09:19 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

08/07/2013

le gêneur 20

Le gêneur innocent 20

 

   Un coup de pied, appliqué de toute force sur les fesses, le catapulte de la treizième marche. Il tombe la face en avant, sur le sol rugueux et froid. Le visage s’écorche, le nez se met à saigner ; sous la lèvre supérieure, deux incisives se sont brisées. Un réflexe de protection de la tête lui a fait porter les mains vers l’avant. Elles sont ensanglantées. A demi assommé, le prisonnier ne bouge plus. Des coups de pied dans les côtés le relèvent.

    «  Alors, tu ne sais même pas descendre un escalier sans tomber ? Pauvre larve ! Tu feras gaffe, une prochaine fois ! »

    L’équipe de matamores ricane. Voilà une bonne blague à raconter aux compagnons de lutte, autour de la pâtée du soir. A droite et à gauche, l’acier des portes diffuse une lueur grise et froide, contrepoint de la lumière jaune qui suinte des ampoules. Sur chaque porte, à hauteur de visage, le volet métallique muni d’une serrure et monté sur glissières, camoufle le guichet. Appels féroces et désespérés, supplications larmoyantes et rires démentiels emplissent le couloir d’un vacarme digne de l’enfer. Les miliciens restent imperturbables.

   

 

   Nouvelle extraite de Au creux du Styx

10:32 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

07/07/2013

le gêneur 19

Le gêneur innocent 19

 

    Au fond du couloir, devant une porte sans numéro, ils s’arrêtent. Le lieutenant sort un trousseau de clés d’une poche de sa vareuse. Il  déverrouille la porte. Ses gestes sont nerveux. La rapidité, pourtant sans maladresse, dénote  l’impatience.   L‘officier pousse la porte, ce qui découvre un petit escalier duquel monte une haleine rance.

    Ils descendent les marches. Le nouveau captif les compte. Dix, onze, douze... Les hurlements de souffrance et ricanements de dérision grimpent à sa rencontre.  Bête sonore et malodorante, l’angoisse lui saisit les pieds. Sournoise mais invincible, elle le tire vers le bas. La pression du canon n’a pas diminué. La dure  froideur pénètre la région lombaire, tout près du système rachidien. Poussé par derrière, happé par devant, le penseur plonge vers le terrible éloignement, qui l’exclura de la vie.

   

   Nouvelle extraite de Au creux du Styx

 

19:10 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)