Les ailes brisées 11

Les ailes brisées (11)

 

    Youri s’assit. La tête lui tournait, comme prise dans un manège qui s’emballerait. Lentement, il s’affala. Petrov l’aida à s’étendre de nouveau.

    «  - Bon, j’y vais, Youri. Repose-toi. Je m’occupe de tout.

         - Non, attends un peu, le vertige ne va peut-être pas durer. Je voudrais t’aider. Reste avec moi. »

    Pendant tout ce temps, l’obscurité gagnait partout du terrain, traîtreusement, telle une meute de loups flairant l’atroce parfum de l’agonie. La nuit s’était lentement répandue, puis appesantie sur le paysage. Les fougères géantes bruissaient au vent. Leurs cimes flexibles obéissaient                aux règles d’une chorégraphie sauvage, éternelle et pacifique.  Le plus urgent était de trouver les lampes torches et les piles électriques.

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    Le blessé finit par se lever. Sa silhouette vigoureuse se déroula, lentement, avec des craquements.  L’organisme

Les ailes brisées 10

 Les ailes brisées (10)

 

       Youri desserra péniblement les lèvres et murmura :

    « - Où  sommes-nous, Petrov ?

       - C’est ce que j’ignore. La tornade a dû nous faire dévier de notre route. Le plus urgent n’est pas de savoir où nous sommes, mais je me demande bien pourquoi ces fougères sont si hautes…  Je n’avais jamais entendu parler de fougères géantes en Sibérie. Encore une de ces manipulations génétiques, je suppose … C’est à se demander où cela s’arrêtera. Nos gouvernants sont fous, fous à lier. Bon, pour l’instant, il faut d’abord que nous rassemblions le nécessaire pour préparer un repas. Penses-tu pouvoir te lever pour m’aider ? Sinon, tant pis, je me débrouillerai seul. »   

 

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Les ailes brisées 9

Les ailes brisées (9)

 

    Petrov s’activa tant et si bien à soigner le corps musculeux de Youri, qu’après une demi-heure d’efforts, le blessé ouvrit ses yeux bleus, qui contrastaient si bien avec ses cheveux roux. 

    D’abord, il ne put parler. Son regard était inexpressif. Il parut voir le pilote, mais sans le reconnaître.

    «  - Youri, c’est moi, Petrov. Nous nous sommes écrasés, mais on va s’en tirer, tu sais. Nous avons suffisamment de provisions pour des semaines de marche forcée. »

    En fait, le ravitaillement était destiné à une petite communauté scientifique, vivant très isolée. La ville la plus proche se trouvait à trois cents kilomètres du centre d’expérimentation. Les provisions d’une semaine pour une vingtaine de personnes devait suffire à nourrir les deux rescapés, jusqu’à ce qu’ils aient atteint le lieu habité le plus proche. A condition de pouvoir porter le poids que cela représenterait… Par chance, c’était l’été. En hiver, la survie eût été beaucoup plus incertaine.

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