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25/12/2012

La statuette (14)

La statuette (1)

Quatorzième épisode

     ’agression n’a pas réveillé la victime, dont le corps a légèrement tressailli, comme si la nouvelle ne parvenait que faiblement au cerveau, comme si la conscience assoupie refusait de s’occuper de l’affaire. Le divorce entre la chair et l’esprit serait-il consommé? La pensée s’est-elle réfugiée ailleurs, en un territoire si lointain que l’organisme lui est devenu étranger? Mais comment l’esprit pourrait-il si radicalement se désolidariser du corps?  

 

    La chambre s’est précipitée dans un mouvement rapide et circulaire, comme si l’horreur la changeait en toupie.  Les  meubles dansent la sarabande, sautent, se heurtent aux murs et se brisent,

    Dans le crâne où palpite le cerveau, s’élève, grandit et grossit le cri de peur, qui devient appel, et celui-ci se transforme en un hurlement ; la nuit secrète l’alliage de l’angoisse et de l’épouvante converti en bruit, sinistre envolée de sons criards, sirène du désespoir. Le dormeur chute infiniment vers un fond visqueux, dans lequel il va s’enliser puis s’abolir. Le cauchemar ne lui permet pas d’autre fuite, sinon le monstre ne laissera, comme preuve de son forfait, que le squelette. Les grands-parents vont-ils entendre l’avertissement nocturne? Vont-ils s’inquiéter, accourir, s’enquérir?

   (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

 

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09:26 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

24/12/2012

La statuette (13)

La statuette (1)

Treizième épisode

     Dans les prunelles vertes brûle la peur.  Sans cesser de regarder son ennemi, le chat recule, abandonne la place, puis tourne le dos à l’attaquant, et, en un bond puissant, se projette jusqu’en haut de l’armoire, montagne brune aux falaises lisses et verticales. Depuis ce  refuge, il se sent d’humeur à narguer le poursuivant malchanceux.

 

    Il ne sera pas dit que le ventre velu, monté sur dix pattes, partira bredouille. Puisque le matou s’est montré assez malin, reste le jeune dormeur, dont l’immobilité semble garantir un festin. Se dandinant et sautillant, la bête à l’appétit jamais en repos se dirige vers le lit.

    Les griffes pénètrent les couvertures, s’y accrochent, et l’animal se hisse, parvient à la plaine blanche formée par le rabat du drap. Sur cette neige chaude et parfumée de lavande, un bras encore potelé offre sa chair succulente. Dans la provende à la prometteuse tendresse, les dents s’enfoncent, arrachent aisément le premier morceau. Un flot rouge inonde le drap, vite imbibé par la persistance de l’effusion.

  (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

 

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23/12/2012

La statuette (12)

La statuette (1)

Douzième épisode

     Sur l’esprit de l’enfant s’est abattu le rideau noir du sommeil. Est-il vraiment rassuré, ou prétend-il l’être, pour contenter le grand-père? Dans le grand lit, pour lui continent largement inexploré, le petit corps se tourne de droite et de gauche, et s’enfonce sous les couvertures, comme le loir dans son terrier.

 

    Dans le couloir, sur la toile, la bête vorace remue, car elle ne supporte plus la prison du cadre. La voilà qui se recroqueville, se tortille, afin de s’évader du tableau. Lentement, elle se détache de la scène dont elle était pourtant la principale actrice, comme si la fiction picturale ne l’intéressait plus. Veut-elle franchir la frontière qui sépare le phantasme de la réalité? Désire-t-elle s’affranchir de sa condition d’être fantastique, pour se réaliser, devenir palpable, donc assurément effroyable ?

    Sur le froid carrelage, alternance de carrés noirs et blancs, échiquier sans pièces qui jusque dans la cuisine prolonge sa vacuité, la bête a glissé ; son évasion a ouvert une brèche dans le cadre, par laquelle fuient les proies potentielles. Les rescapés s’éparpillent et vont se cacher dans tous les recoins favorables.

    Autant qu’il le peut, le monstre s’aplatit, s’insinue sous la porte de la chambre, où l’enfant se débat contre ses peurs. Le chat est alerté par le fumet répugnant que dégage le mangeur d’humains. Le matou se hérisse, feule, crache, mais ses mimiques d’hostilité ne rebutent pas l’intrus, lequel continue d’avancer vers le félin. S’il ne cède pas le passage, sa rapidité, sa souplesse et ses griffes ne lui serviront de rien. Il sera déchiqueté, dépecé, dévoré.

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