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05/10/2012

Une très juste erreur (1)

Une très juste erreur 

 

(Nouvelle, extraite de Au creux du Styx)

 

 

     Z… abandonne, sur la banquette du compartiment de seconde classe, le roman que, durant le voyage, il a parcouru, telle une locomotive douée d’une extrême vélocité, sans souffler comme les tortillards d’antan, sans ralentir pour enregistrer les signaux qui parsèment la page :   courbes des virgules, points définitifs, parenthèses qui l’une vers l’autre s’inclinent, points-virgules androgynes, guillemets bavards, points d’interrogation bourrés de doute et d’inquiétude, points d’exclamation qui sautillent d’enthousiasme, deux points qui ouvrent leur fenêtre, tirets qui voudraient se rejoindre pour tracer sur le texte un seul trait destructeur.

     Z… n’a pas pour habitude de s’embarrasser de livres, objets trompeurs qui, avant que vous ne les ayez lus, peuvent paraître légers, mais si vous les conservez, alourdissent la tête d’une masse de rêves (comme une pierre dans un sac attaché au cou) vous contraignant par le souvenir à parcourir de nouveau le chemin qui vous a conduits jusqu’à leurs mirages. En le délaissant, Z… écarte le risque de la reprise, la réouverture, la relecture et la chaîne des réflexions qui s’ensuivraient.     

    Pour ce qui concerne le livre que Z… a lu, l’histoire lui a paru invraisemblable et farfelue, l’auteur voulant y faire accroire un impossible imbroglio, qui aurait abouti à une implacable erreur administrative et judiciaire. Ce serait l’innocence même de l’accusé qui le condamnerait !

08:29 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

02/10/2012

Tarzan à Fondettes

Tarzan à Fondettes (Fin)

 

    Je m’assoupissais sur ma chaise. Comme je ne voulais pas m’endormir, je me suis levé ; puis, cherchant l’occasion ou le moyen d’exercer ma force, j’agrippai des deux mains la branche basse et soulevai les pieds de terre, afin d’imiter l’un des héros des bandes dessinées de notre enfance : Tarzan. Précisons que je ne portais pas de pagne, mais un bermuda. La différence va paraître négligeable, pour la suite de l’anecdote.

   A peine avais-je proféré le cri de l’homme sauvage, du roi de la jungle, sans provoquer d’émois ni d’aboiements, à peine avais-je commencé de me balancer, que la branche craqua et s’affaissa. Mes pieds touchèrent de nouveau le sol.

  Pierrick examina l’objet du délit : la branche pendouillait assez lamentablement. Elle risquait de se casser brusquement, sous l’action d’un vent fort. Pierrick proposa de l’arracher et de la porter jusqu’à la pelouse. Motion immédiatement adoptée à l’unanimité des voix, y compris celle de l’arbre.

   Je m’en voulais d’avoir abimé l’arbre, mais il s’avéra que le bois était rongé, vermoulu, devenu si fragile que je n’avais fait que manifester le mal caché.

 

    Notre papa ne s’est pas offusqué de l’involontaire attentat. Il en rit gaiement et y vit des avantages : l’incident avait secoué la torpeur de la famille repue ! De plus, les plus grands ne se causeraient plus de bosses. Donc, tout allait bien.

   « Il est comme les propriétaires, conclut-il ».

    Voilà un bel exemple d’optimisme, que j’aimerais pouvoir suivre jusqu’à un âge avancé, si le Diable me prête vie. 

09:14 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (1)

01/10/2012

Tarzan à Fondettes (1)

Tarzan à Fondettes (1)

 

    Le 25 juillet 2012, un double repas d’anniversaire nous a réunis, chez nos parents, à Fondettes. Nous fêtions les cinquante-neuf ans de Nicole et les cinquante-six de Chantal, mes sœurs. C’était la première fois que nous associions  les deux anniversaires ; la plupart du temps, Nicole se trouve en Hollande, pour le sien.

    Après le dîner, que nous prîmes à l’intérieur, par crainte des moustiques, la tiédeur finit par nous attirer dans le jardin. Saucisses et tranches de gigot grillées sur sarments de vignes, suivies de fromage et de gâteaux, nous avaient bien lestés. 

     Le banc accueillit quatre personnes, les autres sortirent des chaises de dessous la bâche, qui couvre la table en plastique blanc, autour de laquelle nous avons si souvent partagé de délicieux repas.

    L’unique arbre planté derrière la maison a une branche basse, contre laquelle les plus grands se cognaient souvent le crâne, plus particulièrement Alexandre et Hervé. 

14:24 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)