27/02/2013
Voyage au Pays d'Haistybradu (1)
Voyage au Pays d’Haistybradu (1)
Les gens m’appellent Lonely Chairman. J’ignore l’étymologie de ce nom que je porte par convenance plus que par conviction, comme d’autres arborent, en signe de respectabilité, leur cravate. Je ne suis pas vraiment persuadé qu’un autre patronyme, même si j’avais pu le sélectionner parmi des milliers, m’aurait mieux convenu. Avec ce nom je vis comme avec mon ombre, sans être certain que le premier me définit plus précisément que la seconde. Qui, d’ailleurs, pourrait affirmer sans doute possible, que le nom de famille auquel par habitude il répond, n’est pas qu’une convention mensongère ? Qui peut être sûr que l’étiquette familiale, plutôt que n’importe quelle autre, lui revient en droit ?
Mon métier, c’est-à-dire mon occupation officielle, consiste à marcher de village en ville et de province en Etat, afin d’essaimer ma marchandise, une collection de chaises les plus diverses, qui sont entassées dans la charrette tirée par mon cheval aveugle à la robe d’un blanc éblouissant, que j’ai nommé Puissant. Il me plaît de penser que j’ai choisi l’animal pour son infirmité, non par commisération ni par goût pervers de l’excentricité, mais parce que je prévoyais que ce compagnon saurait, mieux que ses congénères affligés d’une vue normale, m’écouter.
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19/01/2013
L'aube (7)
Dans quelques jours, publication des Dix Commandements, qu’il faut appliquer, pour une belle réussite éditoriale. Si vous êtes auteur, prenez-en de la graine ! Sinon, communiquez cette grande nouvelle à vos amis auteurs.
L’aube (7)
Déterminé à éprouver ce risque, tel le zélateur qui va se purifier dans les eaux du fleuve sacré, l’aventurier dans cette manne providentielle plongea la tête. De cette poussière bénite, Unha Piness s’emplit les mains, puis s’en badigeonna le visage, le cou et même les cheveux, afin de ne rien négliger qui pût le blanchir. Dans la rue sortit l’enfariné, certain de provoquer une extraordinaire nouveauté, celle de n’être remarqué de personne.
Hélas, l’imprévoyant n’avait pas pour habitude d’écouter le bulletin de santé du temps ; or, les gourous des caprices météorologiques avaient prédit que soufflerait le blizzard de la délation. Une rafale de vent dispersa le dépôt superficiel.
Ces moyens mécaniques ayant échoué, l’opiniâtre résolut de ne plus sortir qu’après le crépuscule, et de ne rentrer chez lui que juste avant l’aube. Parmi les ombres, ses sœurs, il fondrait son hypothétique humanité.
L’inconvénient majeur de ce procédé, c’était que partout Unha Piness rencontrait les obstacles des réverbères, qui étalaient leurs pièges lumineux, lesquels, en le happant, le dénonçaient à la vindicte sournoise des décolorés. Aux avenues tapageuses et éblouissantes, l’ectoplasme préféra les rues peu ou mal éclairées.
Le fuyard aurait aimé s’intégrer aux murs et devenir béton mais, dans cette matière trop pâlotte, sa forme se serait détachée, comme un anachronisme ; le rôle de poutrelle d’acier, soustraite à l’inquisition des yeux blancs, lui aurait mieux convenu, mais, pour cela, Unha Piness n’avait pas encore acquis la dureté que confèrent les années.
Talonné par l’espoir de disparaître, le maudit s’aplatissait, se ratatinait, se rencognait dans les moindres refuges autorisés par la rue : portes cochères, alignements d’automobiles, entassements de poubelles… Hélas ! Quoi qu’il fît, la noirceur du transfuge éclatait sur la toile trop pâle de la nuit citadine, fabriquée par les Blancs, pour y mieux discerner les Noirs, réputés assassins potentiels.
Nouvelle extraite de Voyage au Pays d’Haysitrabdu,19 nouvelles fantastiques, 140 pages, 12 Euros, frais d’envoi offerts.
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18/01/2013
L'aube (6)
Dans quelques jours, publication des Dix Commandements, qu’il faut appliquer, pour une belle réussite éditoriale. Si vous êtes auteur, prenez-en de la graine ! Sinon, communiquez cette grande nouvelle à vos amis auteurs.
L’aube (6)
Absolument pas découragé par ce premier échec, le quêteur de l’impossible se faufila dans l’arrière-boutique d’une boulangerie. Là, une illumination lui révéla la voie du salut. Blanche, comme la farine était blanche ! Les rats, qui de leurs griffes avides et intelligentes avaient crevé un sac, se carapatèrent selon les règles d’un ordre de dispersion prévu par l’état-major des rongeurs. Le bipède se sentit vaguement supérieur à ces quadrupèdes accoutumés à la puanteur des égouts ; dans la hiérarchie qu’avaient instituée les pâles maîtres, l’humanoïde n’ignorait pas que cette position était réservée à ses semblables.
La farine, poudre neigeuse et tiède, s’envolait et s’éparpillait dans le silence, perforé seulement par la rapide épouvante des inférieurs immédiats de Unha Piness. Lorsque le vainqueur de cette bataille sans victimes vit se déposer sur ses mains de chauds flocons, il interpréta cet accident naturel, explicable par les lois de la physique, comme un signe du Ciel ou de l’Enfer. D’ailleurs, peu lui importait que Diable ou Dieu s’en mêlât, pourvu que la transcendance l’avantageât.
Nouvelle extraite de Voyage au Pays d’Haysitrabdu,19 nouvelles fantastiques, 140 pages, 2 Euros, frais d’envoi offerts.
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