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16/08/2013

Le fouineur 6

Le fouineur (6)

 

    L’autorisation fut accordée sans objection majeure. Il me fallut pourtant exhiber mon passeport et ma carte de séjour, puis compléter un formulaire qui permettrait de m’identifier, donc de décharger la responsabilité du Conservateur, en cas de perte de livres par exemple.

    « Je vais guider Mr. Mywords dans les sous-sols, Luis. A plus tard. »

    Ce fut en ces termes que Mme Alejandra Papelero s’adressa à son soliveau de mari. Elle contourna le guichet, m’enjoignit de la suivre, emprunta le cliquetant et pesant trousseau de clefs qui pendait à la ceinture de M. le Conservateur, et nous prîmes l’ascenseur, boîte exiguë, sombre, malodorante et bruyante, qui nous mena sans dommage à l’enfer de la Bibliothèque de Santa Soledad.

    Ce lugubre lieu ferait passer un frisson d’angoisse dans le dos du plus calme et du plus courageux des hommes. L’éclairage y est minimal, jaunâtre et clairsemé. Les auteurs s’y entassent là, avec la mine renfrognée de qui se sait relégué dans les limbes. Tous, ils sont là, poètes, dramaturges, nouvellistes, romanciers, philosophes, essayistes, méticuleusement classés par ordre alphabétique et par langues, mais les volumes sont couverts d’une couche de poussière qui suffit à prouver le désintérêt total des habitants de Santa Soledad pour la littérature.

  

(Extrait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

 

 

10:08 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

15/08/2013

Le fouineur 5

Le fouineur (5)

 

   Ce disant, il me désigna la jument préposée au prêt des livres. Mentalement, j’essayai d’établir le lien marital entre ces deux êtres physiquement si opposés, car, plus qu’à l’étalon, Luis Papelero s’apparente au chacal. Le rapprochement me parut si incongru que je faillis m’esclaffer, mais je maîtrisai la malséante hilarité. Aussi me contentai-je d’un sourire que je voulus aimable, sans être sûr que ma mimique exprimait réellement l’amabilité.

    «  Ah, Madame est votre épouse… Je suis ravi de faire votre connaissance à tous les deux. Bien sûr, je vais m’acquitter de ces démarches administratives au plus vite, car je ne pense pas rester plus d’un mois à Santa Soledad, sauf si je découvrais des éléments nouveaux concernant la civilisation des Maztayakaw. Je vous remercie pour les renseignements. Néanmoins, s’il m’était permis d’accéder au sous-sol, afin d’y compulser des documents de moindre valeur historique, mais de grande valeur intellectuelle, en relation avec le sujet que je veux traiter, je vous en serais fort reconnaissant. » 

 (Extrait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

 

 

 

 

09:10 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

14/08/2013

e fouineur 4

Le fouineur (4)

 

    Je lui ai tendu ma carte de visite. Avec grande attention, il l’a examinée, a marmonné un commentaire entre ses dents jaunes, que j’ai voulu interpréter comme une sorte de compliment, puis m’a restitué le document avec vivacité, comme s’il redoutait que le bristol ne lui brûlât les doigts.

    « Ah, oui, la prophétie des Maztayakaw ? Evidemment, c’est une curiosité qui intéresse les érudits, comme vous, mais il me paraît difficile de prendre cela au sérieux. Ces phrases poétiques et pleines de menaces imprécises peuvent s’interpréter de tant de façons différentes, ne croyez-vous pas, Monsieur ? » 

    Malgré ses objections, j’ai réitéré mon désir d’examiner les tablettes de la prophétie.

    «  En principe, la chose est possible et permise, mais il vous faudra d’abord emplir un formulaire de demande d’accès en trois exemplaires, et nous fournir quelques pièces justificatives : photocopies de votre passeport et de la carte de séjour, certifiées conformes par M. le Maire et M. le Commissaire. Lorsque ce dossier sera complet, c’est avec plaisir que mon épouse, ici présente, vous guidera dans le dédale de nos sous-sols, Mr Mark Mywords. »

  

(Extrait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

 

 

 

 

09:48 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)