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13/08/2013

Le fouineur 3

Le fouineur (3)

    La bibliothécaire m’a demandé au nom de quel organisme, université ou journal je voulais entreprendre cette étude atypique. Ma carte de journaliste indépendant et d’écrivain jouissant d’une notoriété internationale l’a quelque peu impressionnée.

    «  Je puis demander à Monsieur le Conservateur s’il désire vous recevoir. Qu’en pensez-vous ? Il sera plus au fait de ces choses-là que moi-même. »

    J’ai approuvé la suggestion. En ma présence, elle a téléphoné au Conservateur, qui ne m’a fait attendre que peu de temps.

    Luis Papelero, puisque c’est son nom, est un petit homme chétif et chauve, d’une exemplaire laideur, à la voix chevrotante, au regard fuyant. Au total, il m’est apparu comme un être affligé d’un tempérament timoré. Est-ce ma stature qui l’a impressionné à ce point, ou vit-il dans la peur journalière de sa peu féminine épouse ? 

   (Extrait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

 

 

 

 

 

 

10:02 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

12/08/2013

Le fouineur 2

Le fouineur (2)

 

    «  C’est que, voyez-vous, Monsieur, je ne sais pas si Monsieur le Conservateur vous accordera l’autorisation de compulser les tablettes. Ce sont des pièces uniques, de grande valeur historique. Ensuite, connaissez-vous la langue de ce peuple primitif, qui n’a pas résisté à la venue de la civilisation ? »

    Mon interlocutrice a semblé encore plus interloquée par ma réponse que par ma demande :

    «  Les Maztayakaw avaient fondé une civilisation, brillante et raffinée, qui n’avait rien à envier à celle des conquérants. Au contraire, les seconds auraient pu apprendre bien des choses des premiers, s’ils s’étaient comportés de manière humaine envers ceux qui les avaient accueillis avec beaucoup de confiance, au lieu d’agir comme des brutes sanguinaires, affamées de lucre. Quant à la langue de ces « sauvages », oui, je l’ai étudiée. Ce prétendu « baragouin » n’était pas moins riche et nuancé que la langue des envahisseurs, bien au contraire. Je connais des traductions différentes et parfois contradictoires de la prophétie. J’aimerais me former mon opinion. »

 

(Extrait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

 

 

 

 

09:47 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

11/08/2013

Le fouineur 1

Le fouineur (1)

  

     « La bibliothèque de Santa Soledad est une « médiathèque », car on n’y trouve pas que des livres, mais tous les autres moyens modernes de communiquer. Son organisation  m’a littéralement abasourdi. Jamais nulle part je n’avais vu les Arts et la littérature exilés dans les sous-sols, tels des pestiférés mis à l’écart par crainte d’une contamination. Les cinq étages de l’immeuble sont occupés par les livres, logiciels techniques, manuels de toutes sortes, traités d’économie, revues sur les cours de la Bourse, modes d’emploi pour s’enrichir en au maximum deux clins d’œil, recettes de la manipulation politique et psychologique, au total le bric-à-brac du réalisme le plus étriqué, de l’arrivisme le plus débridé, du cynisme le plus éhonté, dans le plus total mépris de l’héritage culturel de l’humanité. 

   Lorsque j’ai demandé à la bibliothécaire d’avoir accès aux archives, afin d’examiner les tablettes de la prophétie des Maztayakaw, fils d’Ardhor, dieu solaire, la préposée a paru si stupéfaite que j’ai craint de lui causer un arrêt cardiaque. La dame en question est une grande jument hommasse aux énormes dents jaunes, aux yeux globuleux, à la crinière grise encore abondante, à la poitrine généreuse, à la voix plus masculine que féminine. L’insigne épinglé au revers de sa veste me donna le nom de la majestueuse matrone : Alejandra Papelero. J’appris plus tard qu’elle est l’épouse du conservateur. Tous deux ont la cinquantaine défraîchie.

 

  

 

 

trait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

11:19 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)