17/11/2013
Le château en voyage 7
Le château en voyage… 7
D’arbre en arbre, de village en village, le crépuscule gagne du terrain. Presque horizontaux, les rayons étalent, sur les pierres grises, d’impalpables feuilles d’or. Luynes entier devient diadème.
Au milieu des vignes, je me suis assis. Par touches de bleu qui va s’obscurcissant, la nuit s’installe. L’artiste qui régit le spectacle ne néglige aucune des nuances possibles.
Luynes étincelle. Il se transforme en vieil or. L’alchimie n’avait pas trouvé le secret de la pierre philosophale, mais le crépuscule, nommé du beau nom de « twilight » dans la langue de Milton, poète aveugle empli de visions, sait muer la pierre en précieuse matière.
Extrait de Pot-pourri tourangeau, en vente sur ce blog.
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16/11/2013
le château en voyage 6
Le château en voyage… 6
Le vent souffle du Sud. Le sirocco dépose la moisson de sable. Aucun des quatre points cardinaux ne nous offre la consolation de nuages porteurs de pluie.
Vient le soir. Nous avons dîné. C’est le moment que je choisis pour aller à ta rencontre, château de Luynes. A travers champs, à pied bien sûr.
Puisque la ligne courbe est la plus poétique pour aller d’un lieu à un autre, je passe devant le manoir de Guesnes, grimpe le raidillon face aux deux tourelles coiffées de poivrières, longe la demeure champêtre des Pivotières où l’atelier du peintre observe toujours la Vallée, descend vers la chapelle de la Chevalette, ou s’enchâsse la mystique statue, grimpe la côte de Châtigny, dont la muraille et les tours dominent la route, puis, par le coteau, filant vers l’Ouest, j’aperçois la cour arrière du château, revenu de Londres. Je dégringole le chemin du Prieuré, traverse le bourg, passe sous les belles halles et grimpe la colline, face au château.
Extrait de Pot-pourri tourangeau, en vente sur ce blog.
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15/11/2013
Le château en voyage 5
Le château en voyage… 5
A la recherche d’une fraîcheur apaisante, chiens et chats s’affalent et s’étalent sur les carrelages. Nous aimerions les imiter, si nous n’étions pas si douillets. Les oiseaux se taisent, à tel point que nous pourrions les croire morts. La vie de couleuvre devient presque un idéal : savourer la douce flemme, dans les eaux tranquilles d’une rivière…
Envahi par le sable, le Fleuve se subdivise en rigoles. Ces maigres chenaux inspirent pitié.
Dans les champs ou près des fermes, les mares s’assèchent. Grenouilles et crapauds désespèrent de trouver ailleurs la demeure aquatique. Au cœur des forêts, même dans les combes, l’humidité peine à subsister. Partout, la terre se craquelle. Des plaies s’ouvrent, qui nous montrent les entrailles assoiffées. L’herbe se flétrit, jaunit et meurt.
Extrait de Pot-pourri tourangeau, en vente sur ce blog.
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