26/01/2014
ANDALOUSIE 23
Andalousie, mon amour 23
(Récit de voyage)
Les mille quatre cents kilomètres qui nous séparent de Tours et de sa fréquente grisaille instaurent une salutaire coupure. Ici, je me grise d’un air qui me ramène à ma jeunesse, aux souvenirs d’amis espagnols et même sud-américains, plus particulièrement à celui de Manuel Béjar, que paradoxalement j’avais connu aux Etats Unis. Parler la langue espagnole signifie fidélité au souvenir d’une profonde amitié.
Nous sommes retournés faire quelques emplettes, ce matin, dans un centre commercial où l’on trouve toutes sortes d’articles.
En amateur curieux des spécialités locales, j’ai fait couper un morceau de fromage de chèvre andalou – et du « manchego », qui n’est pas aussi local, mais ne doit pas pour autant être négligé, M. Cervantès.
Avant de revenir déjeuner à l’appartement, nous flânons autour de la cathédrale et dans les rues avoisinantes, juste pour nous donner un premier aperçu. Les monuments de cette importance nous dominent, si formidablement, qu’il nous faut les approcher, nous en éloigner, revenir vers eux maintes fois, avant de former quelque idée à leur sujet.
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25/01/2014
ANDALOUSIE 22
Andalousie, mon amour 22
(Récit de voyage)
Mercredi 9 mai
Après une journée ensoleillée, très chaude, j’écris sur la terrasse. Je veux baigner dans cette lumière qui recule doucement vers l’ouest, me donner au chant qu’elle porte et qui me dit la beauté de Grenade.
Aux bruits dont j’ai parlé plus tôt, s’ajoutent rarement le bruit d’un moteur, voiture ou vélomoteur. La Calle de la Paz est peu passagère. Au loin, assez fréquemment, une sirène de police fracture la joyeuse sérénité du soir.
Nous avons eu des nouvelles de notre deuxième fils, Pierrick. Juste avant notre départ, il avait attrapé la grippe qui m’avait mis sur le flanc pour deux semaines. Il se rend tout de même sur son lieu de travail, mais est si fatigué qu’il n’a que très peu d’efficacité.
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24/01/2014
ANDALOUSIE 21
Andalousie, mon amour 21
(Récit de voyage)
Au dîner, les hirondelles nous gratifient d’un ballet à l’époustouflante vivacité, soulignée d’appels aigus, qui percent le ciel.
Là-bas, au-dessus de la Sierra Nevada, le crépuscule rosit des immensités veinées de jaune. La cathédrale ponctue le soir de rappels têtus, chacun des quarts d’heure étant martelé de coups donnés par les battants de cloches.
La promenade vespérale nous mêle à la foule qui, après la torride journée, se rafraîchit dans les ruelles et se désaltère aux terrasses des cafés. Les Espagnols s’interpellent joyeusement, la discrétion n’est pas de rigueur, vous pouvez parler aussi fort que vous le désirez, personne ne va se retourner ni s’étonner.
La rumeur de ces innombrables conversations accompagne notre endormissement. La râpeuse, la rugueuse jota et le « r » roulé, si rude et rocailleux, encadrés de voyelles claires et claironnantes, ne cessent de se répercuter, d’une demeure à l’autre, avant deux ou trois heures du matin. Lorsque parfois je m’éveille, j’en souris avec bonheur. L’Espagne ne nous ’a pas quittés.
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