Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/09/2014

Mon père disait 40

« Mon père disait… » (40)

     Nous sommes les adeptes d’un culte païen, disons même panthéiste, celui des dégustateurs, qu’il s’agisse de thé, de café ou de vin. Les plantes, desquelles nous extrayons les substances qui nous procurent tant de plaisir, méritent d’être honorées, célébrées. Au mot « plaisir » j’associe bien sûr deux adjectifs : sensuel et psychique.

 

    Avant même de nous incorporer ce délice, le mot chocolat déclenche, au secret du cerveau, les prémices du bien-être. La douceur du ch initial atténue la vigueur du son K, lequel forme, au milieu du mot, une sorte de pic ou de sommet retentissant ; les deux o s’exclament d’admiration ; le a final exhale un soupir d’aise. Discret, le t se tait, pour ne revenir que dans « chocolaté », mot qui laisse entendre que le bel et noir aliment ne joue plus en soliste, mais se subordonne à la baguette d’un chef d’orchestre à toque blanche.  

 

    

25/09/2014

Mon père disait 39

« Mon père disait… » (39)

    A la fin de la visite, nous sommes tous conviés à une séance de fabrication de chocolats. Le maître d’œuvre flamand explique, en trois langues, l’art et la manière de devenir bon chocolatier.

   Après la démonstration, chaque visiteur est invité à déguster un peu de cette friandise, que l’homme vient de préparer devant nous. Plaisir que personne ne refusera, autant qu’il m’en souvienne.

   L’officiant se tient debout, près de la porte ; les délicieuses petites boules tièdes couvrent un plateau, qu’il nous tend. Je verrais presque, dans ce geste d’offrande, le rite de la communion chrétienne. L’amoureux du chocolat laisse dans sa bouche fondre le délice, comme le croyant l’hostie.

    

23/09/2014

Mon père disait 38

« Mon père disait… » (38)

    Les aztèques déposaient des offrandes, sous la forme de fèves de cacao, près des statues de leurs dieux, pour que le soleil se lève. Quelle bonne idée ! Si la nuit allait être définitive…

 

    Dans le musée, comme à l’extérieur, l’Espagnol sonne et résonne, claironne ses voyelles aussi claires et tranchées que les couleurs du ciel et du sol castillans ; tel le tonnerre, le r simple ou double n’en finit pas de rouler, la jota de cingler telle une lanière de fouet. Langue très tonique, débordante d’énergie, mais beaucoup plus à mon goût que le néerlandais, lequel ne cesse d’éructer ses gutturales. 

   Parmi les hispaniques, je remarque ce père de famille, à la parole si rapide que l’on croirait qu’il tire à la mitraillette. Il explique diverses choses à sa progéniture, trop jeune encore pour lire. Je m’amuse d’un « chiquito », de ses « ¡ Mira, papa ! » Le père et moi échangeons un sourire. Cela se passe de mots.