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14/03/2014

SVEVO 3

Italo Svevo 3

 

Un provinciano universal

 

Estará veinticinco años sin publicar ficción, sin duda escocido por la incomprensión de sus compatriotas, y será un joven profesor de la Berlitz local, en la que Schmitz se había inscrito para refrescar su inglés, quien le de- vuelva la confianza en sus aptitudes literarias y le saque de su aislamiento provinciano. Alrededor de 1906, en efecto, James Joyce aterrizó en Trieste (tras fugarse de Dublín con su recién adquirida pareja, Nora) y el azar lo llevó a radicarse en el Adriático y a conocer a aquel alumno veintiún años mayor y que escondía, tras su perfil de ejecutivo naviero, a un escritor consumado. Sin duda, aquel encuentro entre espíritus afines reactivó la singladura literaria del triestino, que en 1923 pudo publicar La conciencia de Zeno, un ca- polavoro del siglo XX que fue saludado como tal desde la cosmopolita París, donde Joyce(y los críticos Valéry Larbaud y Benjamin Crémieux) se encargaron de jalearla debidamente.

 

James Joyce en 1904

 

Italo Svevo, provincial universel 3

 Il passera vingt-cinq années  sans publier de fiction, sans aucun doute blessé par l’incompréhension de ses compatriotes, et ce sera un jeune professeur de l’école Berlitz locale, où Schmitz s’est inscrit pour rafraîchir son anglais, qui lui rendra confiance en son talent littéraire et le sortira de l’isolement provincial. Aux environs de 1906, en effet, James Joyce atterrit à Trieste (après avoir fui de Dublin, avec sa compagne, rencontrée peu auparavant, Nora) et le hasard l’amena à s’installer au bord de l’Adriatique, et à connaître cet élève de vingt et un ans plus âgé que lui et qui cachait un écrivain consommé, derrière son profil d’amateur. Certainement, cette rencontre entre esprits apparentés relança le triestin sur la voie de la littérature, car en 1923 il pouvait publier La conscience de Zeno, un capolavoro (2) du  20e siècle, qui fut salué comme tel, depuis Paris la cosmopolite, où Joyce (et les critiques Valéry Larbaud et Benjamin Crémieux) se chargèrent de l’acclamer, comme il se devait.

(2)  En italien dans le texte, Signifie chef d’œuvre.

 


Avec l’aimable autorisation de la revue Que leer. 
 Texte de Carles Barba.

 

13/03/2014

SVEVO 2

Italo Svevo 2

 

Un provinciano universal

 

  Tercer rasgo que lo individualiza: Svevo será un escritor a horas, compatibilizará esta dedicación con un trabajo de oficinista (en la Banca Union) y, más adelante, como directivo en la empresa de pintura de su suegro. Asimismo, entre 1885 y 1903 ejerce el periodismo en el diario local L’Indipendente, bajo el seudónimo de Ettore Smigli. En cierto modo, pues, será siempre un secreto escritor de ficción, puesto que sus dos primeras novelas, Una vida (1892) y Senectud (1898), pagadas de su bolsillo y con tiradas muy limitadas, no alcanzarán ningún eco. Senectud, en particular, considerada hoy una obra maestra de análisis y un ante- cedente de obras como Un amor de Swann de Proust, no mereció una línea de la crítica italiana (ni siquiera del sagaz Silvio Benco), lo que llevó a Ettore Schmitz (este se su ver- dadero nombre) a abandonar la pluma y a consagrarse plenamente al negocio familiar.

 

Italo Svevo, un provincial universel 2 

 

   Troisième trait, qui le singularise : Svevo sera un écrivain à horaires, il rendra cette vocation compatible avec un travail d’employé de bureau (dans la Banca Unión) et, plus tard, comme cadre, dans l’entreprise de son beau-père. De même, entre 1885 et 1903, il exerce le métier de journaliste dans le journal local L’independente, sous le pseudonyme de Ettore Smigli. D’une certaine façon, il sera donc toujours un écrivain de fiction confidentiel, puisque ses deux premiers romans Une vie (1892) et Sénescence, payés de sa poche et avec des tirages très limités, n’obtiendront aucun écho. En particulier Sénescence, aujourd’hui considéré comme une œuvre d’analyse majeure et un avant-goût de Un amour de Swann de Proust, ne fut absolument pas remarqué par la critique italienne, pas même par le sagace Silvio Benco, ce qui amena Ettore Schmitz (son véritable nom) à abandonner la plume et à se consacrer pleinement à l’affaire familiale.

 

Avec l’aimable autorisation de la revue Que leer

Texte de Carles Barba

 

 

 

12/03/2014

SVEVO 1

Italo Svevo

Un provinciano universal

 

Italo Svevo es, junto a Prosut, Kafka o Joyce, uno de los renovadores de la prosa narrativa del primer tercio del siglo XX. Páginas de espuam pública ahora sus « Ensayos completos » en traducción y edición de Paul Viejo, que nos da otra faceta de su quehacer. Texto Carles Barba.

   Se habla del “caso Svevo” y no es para menos. Concurren en él una serie de circunstancias especiales que lo singularizan. Nace, vive y muere en Trieste,un confín del mundo, una capital mercantil sin apenas vida cultural, de la que escapan enseguida escritores triestinos como Umberto Saba y Gianni Stuparich. Como Kafka en Praga y Pessoa en Lisboa, Svevo queda atrapado en su ciudad natal, y ese humus provinciano y gris es el que bañará sus libros. Segunda peculiaridad: a contrapelo de la literatura que se hacía en su época – decadentista dannunziana por un lado, verista por otro –, Svevo practicará desde el principio una escritura introspectiva y psicológica, y se anticipará así a muchos desarrollos de la novelística posterior, tanto italiana (Moravia, Vittorini) como europea (Proust y Mann, nada menos).

 

svevo.jpg

 

Italo Svevo, un provincial universel

 

Traduction  assurée par Yann Le Puits, d’un article paru en mai 2013, dans le magazine espagnol Que leer, numéro 189, pages 76 à 79. Avec l’aimable autorisation de la revue, que je remercie pour sa coopération. Déjà publiée sur ce blog, extraite du même numéro : l’entrevue avec Julio Llamazares.

  Italo Svevo est, avec Proust, Kafka ou Joyce, l’un des novateurs de la prose narrative de la première moitié du 20e siècle. L’éditeur Páginas de espuma (Pages d’écume) publie aujourd’hui ses Essais complets, traduction et édition de Paul Viejo, qui nous présente une autre facette de son travail.

  On parle du « cas Svevo » et il y a bien de quoi. Une série de circonstances particulières, qui le singularisent, contribuent à cela. Il naît, vit et meurt à Trieste, aux confins du monde, une capitale mercantile à la vie culturelle presque nulle, de laquelle s’échappent vite des écrivains triestins, comme Umberto Saba et Gianni Stuparich. Comme Kafka à Prague et Pessoa à Lisbonne, Svevo reste prisonnier de sa ville natale, et c’est ce terreau provincial et gris qui imprégnera ses livres.

 

Deuxième particularité : à contre-courant de la littérature qui se faisait à son époque, d’un côté décadente et d’annunzienne(1) et de l’autre côté réaliste,  Svevo pratiquera dès le début une écriture introspective et psychologique et, ainsi, anticipera beaucoup de développements de l’art romanesque postérieur, aussi bien italien (Moravia, Vittorini) qu’européen (Proust et Mann, pas moins). 

(1)       D’annunzio : auteur italien, contemporain de Svevo.