25/10/2013
La conférence 2
La conférence (2)
Les côtes saillent sous la peau bilieuse, que parcheminèrent les macérations. Le ventre est absent. Il est à parier que de longues et nombreuses veilles, ainsi que les jeûnes répétés, taillèrent le corps, le réduisant à une étique silhouette.
Aux poignets cliquettent des bracelets composés de dents de requin. Des peaux de vipère, si luisantes qu’elles paraissent vivantes, autour de la taille tissent une ceinture aux crochets encore prêts à cracher le satanique venin. Sur les jambes maigrichonnes se balance érotiquement une mâle fustanelle, dont les plis vaporeux, en se soulevant, découvrent sur chaque cuisse, à mi-hauteur entre l’aine et le genou, une jarretière noire. Un collant fait de peau de zèbre enserre les membres inférieurs. Précautionneusement se déplace le guignol universitaire, car son équilibre est compromis par le port de chaussures dorées à talon aiguille, peut-être subtilisées à la Secrétaire de la Faculté, mais très seyantes sous le froufrou aux plis coquins.
Honni soit qui mal y pense.
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24/10/2013
La conférence 1
La conférence (1)
Dans l’amphithéâtre, aux gradins dénués de toute présence humaine visible, la porte se situe au fond de l’estrade, où trône la chaire en bois de sapin. Sur la porte est vissé un cercle métallique rouge, avec, en son milieu, un rectangle blanc. Lz mention « INTERDIT AU PUBLIC », peinte en noir sous le panneau, n’autorise aucun doute sur la signification de celui-ci.
La porte s’ouvre. Apparaît le Très Honorable Professeur de Philosophie. Sa Métaphysique Personne est affublée d’une casque colonial, surmonté d’un panache de plumes d‘autruche, coiffure probablement destinée à empêcher, ou du moins à freiner, l’effusion des sublimes idées, dont le bouillonnement multimillénaire se devine derrière les plissements géologiques du front. Un serre-tête en satin jaune d’or rejette sur le dos l’opulente crinière grise de lion solitaire, ornement pileux qui témoigne de la respectabilité gauchisante du conférencier. Un bandeau noir cache l’œil droit, tandis que le gauche s’enfouit sous un monocle teutonique, épais comme la légendaire purée de pois londonienne. Une barbichette méphistophélique prolonge le menton. Le cou de vautour s’orne d’un nœud papillon en velours écarlate.
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06/10/2013
Les ailes brisées
Les ailes brisées (21)
Ensemble, ils se mirent à fureter sur les lieux de la catastrophe. Ils trouvèrent le réchaud, l’une des bonbonnes, d’une contenance suffisante pour assurer la préparation des repas pour deux semaines. Ils ne désespéraient pas d’en trouver d’autres plus tard.
Parmi les trésors éparpillés de leur cargaison, ils trouvèrent aussi des boîtes de lait concentré sucré, du café lyophilisé, des tubes de comprimés de vitamines et sels minéraux, des barres de céréales, enfin plus qu’il n’en fallait pour le premier repas. Le jerrycan de trente litres d’eau potable était intact. Ils n’avaient pas vu de source, aussi décidèrent-ils de réserver l’eau à l’alimentation.
Les recherches durèrent une demi-heure, mais furent si fructueuses que le moral des deux compagnons afficha la mention « beau fixe ». Aussitôt, ils préparèrent ce festin de campeurs improvisés.
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