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07/08/2014

Mon père disait 10

« Mon père disait… » (10)

  

   Les fenêtres au tympan en demi-cercles, dont les moulures blanches égaient les façades qui, sans cela, nous sembleraient trop sévères, se reflètent en minuscules, sur des boîtes aux usages divers. Nous achèterons l’une de ces boites, emplie de chocolats, pour mon père.

    Un peu avant que nous ne revenions à l’embarcadère, le pilote de la barque nous invite, dans les plus clairs des termes, à lui donner le pourboire qu’il estime avoir mérité. Nous nous plierons à la coutume, mais cet homme n’est-il pas rémunéré par la compagnie ?

     Trouverions-nous normal qu’un chauffeur d’autobus ait la même exigence ? Non, mais les excursionnistes se cotisent, pour gratifier le chauffeur d’autocar.

    Que faut-il en conclure ? Le service quotidien aurait-il moins de valeur que l’exceptionnel ? Nos loisirs, ce temps détaché de la routine, compteraient-ils davantage à nos yeux, que la fastidieuse répétition des jours laborieux ?

   

 

 

06/08/2014

Mon père disait 9

« Mon père disait… » (9)

    Le Bruges de Jacques Brel n’a de réalité que poétique et musicale, pourtant il nous marque d’impressions, nous procure des sensations bien réelles. Puis, nous arrivons au Bruges objectif, c’est-à-dire la belle vitrine ancienne, préservée pour la joie des touristes las de ne voir ailleurs que cubes disgracieux ; alors, la brique et l’ardoise dressent, croyons-nous pour nos yeux, la juxtaposition verticale de ces demeures qui prennent racine dans l’eau.

 

    Le chant de Brel peut planer au-dessus de Bruges, il ne la touche pas, il ne l’effleure qu’à peine, il appartient à un ordre de réalités immatérielles, l’opposé absolu de la ville commerçante où, par tous les moyens, l’on allèche le badaud.

    Alors, de multiples objets quotidiens s’ornent de décors brugeois, la légère et fine dentelle devient hameçon, auquel le commerçant espère accrocher le naïf touriste, afin d’alléger en toute légalité son escarcelle.

    

05/08/2014

Mon père disait 2

 

    « Mon père disait… » (8)

 

 

  Avant d’arriver, me revinrent de nombreuses fois les paroles de la chanson de Jacques Brel, Mon père disait :

   « Et Londres n’est plus,

   Comme avant le déluge,

    Le poing de Bruges

    Narguant la mer,

    Londres n’est plus

    Que le faubourg de Bruges,

    Perdu en mer,    

    Perdu en mer. »

 

    Comment, pour le londonien de cœur que je suis, admettre que la métropole britannique soit réduite à ce statut mineur ?

     Pourtant, ce paradoxe brelien illustre une vérité fondamentale, à savoir que la chose à l’état brut n’a d’existence réelle qu’en dehors de toute perception humaine. Le regard transforme la chose en objet de la pensée. Dès lors, la réalité s’estompe, au profit de l’image ou du concept.